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Histoires vraies
Le silence espagnol (3e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 10 - 02 - 2005

Résumé de la 2e partie Julia n?accepte pas que son père reste caché car elle veut toucher sa part d?héritage.
Tant qu'elle n'aura pas sa dot, elle ne trouvera pas à se marier, c'est ce qu'elle prétend ! Or la situation de l'héritage est bloquée tant que son père est porté disparu et non pas décédé. Simplement disparu...
Julia fait donc sans arrêt des scènes à sa mère pour qu'elle entame la procédure et fasse déclarer son père mort une fois pour toutes ! Ainsi, sa mère sera bien obligée de lui donner sa part d'héritage.
Mais dans sa chambre à coucher, Eulogio ne veut pas être déclaré officiellement mort. Il ne veut pas renoncer à ses idées et ce serait y renoncer que d'accepter de mourir sur le papier. Tant qu'il reste disparu, on ne sait jamais, la politique peut évoluer en Espagne et il peut ressortir un jour sans se faire arrêter, comme un résistant qu'il est, en fait.
C'est pourquoi, par un après-midi de juillet, Julia, furieuse, excédée, estimant que dans cette affaire on ne pense pas à elle, va dénoncer son père aux gardes civils.
C'est laid. Car depuis trente-neuf ans, tout le monde dans la famille s'est tu, même les belles-filles.
Julia sait que son père a été républicain, qu'il a été maire socialiste en 1936, qu'il s'est battu, qu'on l'a recherché? et pour de l'argent, elle le dénonce ! Elle a d'ailleurs prévenu son père et sa mère, «honnêtement». Elle leur a dit : «J?y vais !»
Mais quand elle revient au village, dans la voiture des gardes civils, Julia ne comprend pas ce qui se passe car tout le monde est dehors : hommes, femmes, enfants, tout le monde est sur le pas de sa porte ou le long du trottoir. Même le curé est debout, les bras croisés, sur le parvis de l?église.
Autour de la ferme d'Eulogio, dans la cour, ils sont encore plus nombreux et font la haie. lIs regardent Julia précéder les gardes civils.
lIs regardent Julia passer la tête haute, le visage fermé, provocante. Et personne ne dit mot, personne ne l'insulte, personne n'a un geste méprisant. lIs la regardent toujours quand Eulogio, après trente-neuf ans de clandestinité, sort entre les deux gardes civils.
Tout le village le regarde partir en silence.
Alors Julia, la dénonciatrice, comprend. Ce qu'elle est allée dire aux gardes civils, tout le village le savait depuis trente-neuf ans. Dans un village, on ne peut cacher vraiment ce genre de chose.
Mais personne, absolument personne n'avait parlé en dehors du village. Et personne n'avait fait la moindre allusion à la famille. Jamais. Tout le monde jouait le jeu de l'ignorance, c'était une question d'honneur. Quand le chien aboyait à la ferme, on faisait exprès d'entrer lentement dans la cour, le temps pour Eulogio de s'éloigner des rideaux.
On n'en parlait pas, même entre soi.
Et le plus extraordinaire est que le village savait qu'Eulogio et sa femme savaient qu'on savait. Mais tout le monde faisait comme si personne ne savait. C'était le seul moyen pour que les gardes civils n'en entendent jamais parler et le silence espagnol avait fonctionné pendant trente-neuf ans.
Et le silence espagnol entourait Julia de sa réprobation. Mais pour peu de temps. Le général Franco entre dans le coma le 14 octobre 1975, il meurt le 20 novembre.
Il y a soudain quelque chose de changé au royaume espagnol, on le sentait venir depuis le début de l'été. Eulogio Perez n'a même pas le temps d'être arrêté. Il rentre chez lui, une heure après et, pour la première fois depuis trente-neuf ans, à la tombée du jour, il fait le «paseo» dans la rue du village. Il se promène au bras de sa femme et salue tout le monde.
On lui rend son salut comme si de rien n'était.
Julia devra attendre qu'il meure pour toucher sa part d'héritage. Elle n'a pas remis les pieds au village de Rubia.
Personne, absolument personne, à son sujet, ne fait la moindre allusion, car le silence espagnol est retombé sur elle !


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