Après les catastrophes, il s'agit aussi de reconstruire les âmes. Terrorisme, inondations de Bab El Oued, séisme de Boumerdès. Autant de catastrophes majeures avec leurs corollaires, les dommages de l'âme qui peuvent s'avérer à la longue désastreux. Les experts tirent la sonnette d'alarme et attirent l'attention sur la nécessité de capitaliser l'expérience nationale en matière de traumatismes psychiques, dont la population a été victime ces dernières années. Une journée d'étude a, à cet effet, été organisée par l'Institut national de la santé publique et l'EHS psychiatrique Mahfoud-Boucebci de Chéraga dont le thème a été : le rôle des intervenants sur le terrain et la reconstruction des liens des populations victimes. Bien que l'on ait insisté sur l'épisode traumatique, le dernier en date, celui du séisme de Boumerdès, l'appel a été lancé en direction des pouvoirs publics et des instances concernées par la santé mentale des citoyens pour établir des mécanismes de concertation et de coordination fiables à même de permettre un travail méthodique pour l'avenir. D'autant qu'aucune étude épidémiologique n'a, jusque-là, été consacrée au domaine précis du traumatisme psychique. L'on rappelle par ailleurs qu'aucune étude du genre n'a succédé au séisme de Chlef (ex-El Asnam) en 1980. Egalement présent à cette manifestation, le département culturel de la wilaya d'Alger qui a délégué sa représentante en la personne de Mme Sator Badia. Cette dernière tout en évoquant le caractère pernicieux du psychotrauma, a rappelé le rôle majeur joué par les animateurs culturels aux côtés des psychologues, dans les différentes expériences douloureuses vécues, notamment lors du séisme de Boumerdès, où il fallait restaurer les petites âmes meurtries par la calamité. Puis Mme Sator Badia rappelle les efforts de la Direction de la culture de la wilaya d'Alger qui s'est déployée à travers trois sites pour sinistrés, où femmes et enfants étaient encadrés de tout un arsenal pédagogique, particulièrement le dessin, afin d'exorciser leur expérience traumatisante. Elle cite, avec le livre à la main, Les petits dessinateurs dans lequel, à l'aide d'un recueil de dessins, les enfants... «quittent les scènes traumatisantes, se projettent dans la vie, et ...finissent par reproduire des maisons identiques aux anciennes.Une continuité qui n'exclut ni l'angoisse ni le traumatisme mais qui retrouve sa source dans la pulsion de vie exprimée dans les symboles de sécurité, d'amour et de joie». En témoigne la dominante des fleurs, des arbres et des oiseaux reproduits par les mains innocentes et qui annoncent la fin du deuil et le retour possible à la vie.