L?association Poèmes du Hodna de la wilaya de M?sila s?affirme, depuis sa création, gardienne du mode de chant populaire bédouin dit «aye aye», typique à ce vaste territoire steppique qui englobe plusieurs wilayas. Ce style de chant constitue un pan important du patrimoine national qui véhicule les valeurs intrinsèques et séculaires de la société algérienne tant au niveau des paroles que de la mélodie et du style vocal d?exécution du chant, selon le président de cette association. Pour les membres de l?association, les chansons exécutées par leur troupe sont souvent des poèmes célèbres des grands poètes de la région que sont Benaïssa et Benzaouali, dont la production littéraire d?une grande richesse, est exclusivement transmise par oralité, faute d?un corpus réunissant les chefs-d??uvre de cet art populaire menacé d?extinction. Face à l?invasion des disc-jockeys et du chant moderne, le «aye aye» a dû céder la place qui était la sienne lors de toutes les fêtes sociales, petites et grandes, constatent les membres de Poèmes du Hodna, qui persistent à vouloir réhabiliter cet art ancestral par sa représentation à l?occasion des festivals nationaux et internationaux. Auteur il y a deux ans d?un ouvrage sur le «aye aye», Abderachid Merniz estime que l?absence de structures d?enseignement de cet art populaire a été à l?origine de la restriction de son champ d?écoute et de l?amorce de sa lente agonie.