Société Ceux de la ville d?El-Bahia sont, malgré eux, peu regardants sur leur régime alimentaire. Les milliers de malades chroniques de la wilaya d'Oran, astreints à des régimes alimentaires particuliers, éprouvent, disent-ils, d'énormes difficultés à respecter les recommandations de leurs médecins traitants. La rareté de certains produits, conjuguée à leur cherté lorsqu'ils sont disponibles, constituent de véritables épreuves que subissent ces patients au quotidien. Diabète, hypertension artérielle, problèmes cardiaques, cholestérol, asthme, sont autant de maladies qui font de véritables ravages, ces dernières années, non seulement à Oran, mais dans toutes les régions du pays. Si le malade, quelle que soit sa catégorie sociale, a toutes les possibilités d'accéder aux soins et aux médicaments, ce sont, en revanche, les autres aspects liés indirectement aux soins prodigués qui posent problème et font parfois la différence, comme c'est le cas pour le régime alimentaire. A chaque pathologie, un régime particulier, se basant toutefois sur des «interdits» et des «tolérances» adaptés à la situation de chaque malade. Les boulangers d'Oran ont pris l'habitude de ne préparer qu?une seule fournée quotidienne de pain sans sel. C'est généralement la première quantité de pain que l'on fait cuire sans sel. «Pour les autres fournées, les boulangers préparent du pain normal en quantité industrielle, d'où la difficulté de trouver des baguettes de régime au-delà d'une certaine heure», explique un boulanger du marché des Aurès (ex-La Bastille). Cet avis est partagé par d'autres membres de la corporation, qui invoquent les considérations de rentabilité. «Rien ne nous garantit que les quantités de pain préparées seront vendues totalement», ajoute le même commerçant. Vraisemblablement pris par des remords, plusieurs boulangers se «rachètent» en offrant gratuitement des baguettes sans sel à leurs clients habituels. A Oran, certaines pharmacies consacrent une toute petite place dans leurs rayonnages aux produits diététiques, qui restent hors de portée des bourses moyennes. «Un pot de confiture "spécial diabétique" d'un poids de 300 g, est proposé entre 140 et 180 DA ; une boîte de 100 sucrettes est cédée à 120 DA ; un petit paquet de saccharine en poudre coûte 400 DA», énumère un malade, tout en signalant que ces produits spéciaux, censés améliorer un peu le quotidien du malade, ne sont pas remboursés par la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas). Qu'ils soient diabétiques, asthmatiques, hypertendus ou cardiaques, ces malades doivent être traités et suivre un régime à vie, mais entre les recommandations des médecins et les vicissitudes de la vie quotidienne, il est souvent difficile d'assurer un équilibre.