Les nouveaux amendements du Code de la famille apportent peu de nouveautés. Le tutorat est maintenu et la polygamie n?est pas interdite, mais seulement assujettie à l?accord préalable de l?épouse. Par ailleurs, le père vient désormais directement après la mère pour la garde de l?enfant. Pourquoi revoir le Code de la famille ? Le Conseil des ministres, présidé hier par Abdelaziz Bouteflika, apporte deux raisons : les modifications introduites viseraient d?abord à «accorder la plus grande attention à la cellule familiale» et ensuite à «préserver notre société des conséquences graves induites par les drames conjugaux des femmes jetées à la rue et des enfants livrés au dénuement». Et pour préserver la famille, il faut, avant tout, préserver la femme dont les droits ont été sans cesse bafoués par une misogynie inextricable. Ainsi, l?arsenal juridique préconisé par les pouvoirs publics et amendés, hier, par le Conseil des ministres se veut, de l?avis de ses concepteurs, un dispositif solide. Dorénavant, l?âge du mariage est fixé à 19 ans pour l?homme et pour la femme alors que le mariage par procuration est supprimé. En revanche, le tutorat, tant décrié par les partisans de l?abrogation du Code de la famille, a été maintenu. Pour la loi, il ne peut y avoir de mariage sans tuteur. La polygamie, autre sujet décrié, sera, pour sa part, soumise au consentement préalable de l?épouse ainsi que de la future épouse. En plus, le polygame devra disposer de l?autorisation du président du tribunal, seul habilité par la loi à vérifier le consentement mutuel ainsi que les motifs et l?aptitude de l?époux à assurer l?équité et surtout les conditions nécessaires à la vie conjugale. Le juge a aussi d?autres prérogatives. Il est habilité à statuer en référé, par ordonnance notamment, sur les questions relatives au droit de garde, au droit de visite, au logement et à la pension alimentaire. L?autre avancée notable, c?est l?obligation imposée à l?époux d?assurer, en cas de divorce, le logement à ses enfants mineurs dont la garde est confiée à la mère. Toujours dans le volet divorce, l?ordre des priorités en matière de droit de la garde vient d?être reconsidéré : le père se place désormais après la mère. L?enfant a désormais son mot à dire quant au choix du parent auquel la garde est confiée. Et c?est parce que le mariage est un lien de sang sacré, il est stipulé aussi l?exigence des futurs époux d?un certificat médical attestant qu?ils ne sont pas atteints de maladies contre-indiquant cette union. Ces amendements, qui interviennent dans une période marquée par les forts clivages, ont aussitôt suscité quelques réactions «à chaud». Ainsi, pour l?association Tharwa n?Fadhma n?Soumeur, «ces amendements ne répondent pas aux attentes des femmes algériennes» arguant le fait que «le contenu des articles ne répond pas aux promesses esquissées dans l?exposé des motifs». Pour sa part, la commission des femmes travailleuses de l?Ugta, par la voix de sa présidente, estime que «les textes amendés conservent encore leur identité discriminatoire».