Changement L'élection d'un président au suffrage universel direct, en Egypte, met fin à 50 ans de règne militaire. Les forces politiques égyptiennes sont donc à la recherche d'un concurrent au président Hosni Moubarak qui les a pris de court en décidant d'ouvrir la course à l'élection présidentielle après 24 ans de règne sans partage. Pour le moment, l'armée égyptienne reste muette sur cette décision, qui remet en cause le pouvoir d'investiture du chef de l'Etat. Sachant que les présidents qui se sont succédé à la tête de l'Etat égyptien, ont tous été cooptés par l'armée avant d'être présentés à un plébiscite populaire. Un homme est désigné par les Egyptiens pour être candidat face à Moubarak. Il s?agit de l'ancien ministre des Affaires étrangères et actuel secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Sa popularité est due à son opposition déterminée à Israël. Pour sa part, le secrétaire général du parti Wafd (libéral), Sayed Badawi, reconnaît que la décision de Moubarak pourrait donner un «semblant de légitimité» à une éventuelle accession au pouvoir de son fils cadet, Gamal, 42 ans, dont le rôle ne cesse de grandir au Parti national démocrate (PND au pouvoir). Badawi espère que «malgré les failles, le peuple aura gagné sa culture démocratique durant les six années du prochain mandat présidentiel et pourra alors élire librement ses représentants». Pour son parti, Wafd, proposera son président Nooman Gomaa. Le parti est doté d?une grande expérience politique. Il est à rappeler qu?il a été fondé par le dirigeant nationaliste Saad Zaghloul, dissous sous Gamal Abdel-Nasser et réhabilité sous Anouar al-Sadate. De son côté, le Pr Moustafa Kamal Al-Sayed estime que «le courant islamiste a des moyens financiers, la capacité de mobilisation et compte dans ses rangs plusieurs personnalités présidentiables». Abdel Fattah, analyste politique, affirme, par ailleurs, que le moment choisi par Moubarak pour révéler son projet d'amendement constitutionnel été «prémédité», afin de ne laisser à ses concurrents qu'un court délai pour se préparer à l'affronter. Al-Sayed souligne que l'amendement de la Constitution doit être accompagné d'autres mesures pour assurer «la neutralité des différents services de l'Etat, notamment les médias et l'administration». «Deux options sont ouvertes : des élections à la tunisienne, entre des candidats investis par le régime, mais sans crédibilité, ou des élections à la palestinienne, où le peuple aura son mot à dire», ajoute-t-il. Le scrutin présidentiel est prévu en septembre-octobre prochains.