Hosni Moubarak a-t-il commis l'erreur qu'il ne fallait pas, en proposant l'amendement de la Constitution sur les candidatures à la magistrature suprême ? Sa décision n'a pas laissé l'opposition de marbre. En effet, les forces politiques exclues du sérail sont en quête d'un opposant à même de concurrencer le chef de l'Etat, en octobre prochain, date de l'élection présidentielle. Les leaders de l'opposition, pris de court par Hosni Moubarak, mettent les bouchées doubles pour rassembler leurs forces avant le rendez-vous électoral. Ils sont encouragés dans leur entreprise par le silence observé par l'armée, qui avait l'habitude de coopter jusque-là les présidents. L'élection d'un président au suffrage universel direct sonnera le glas de cette tradition décriée. Bien que le moment choisi par Moubarak pour révéler son projet d'amendement constitutionnel était “prémédité”, afin de ne laisser à ses concurrents qu'un court délai pour se préparer à l'affronter, l'opposition ne perd pas espoir. Le scrutin présidentiel est prévu en septembre-octobre. Les Egyptiens ont désigné l'ancien ministre des Affaires étrangères et actuel secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, pour la deuxième fois en six mois dans, le cadre d'une émission de la télévision où on les interrogeait sur leur candidat préféré à la présidence sur un site internet, lors d'un programme de télévision qui a une large audience. Son opposition déterminée à Israël, qui en a fait le héros d'une chanson populaire : J'aime Amr Moussa et je hais Israël, n'est pas étrangère à son immense popularité. Par ailleurs, le secrétaire général du parti Wafd (libéral), Sayed Badawi, reconnaît que la décision de M. Moubarak pourrait donner un “semblant de légitimité” à une éventuelle accession au pouvoir de son fils cadet, Gamal, 42 ans, dont le rôle ne cesse de grandir au sein du Parti national démocrate (PND au pouvoir). M. Moubarak et son fils ont, cependant, tous les deux, rejeté avec véhémence les soupçons de l'opposition, les accusant de préparer une “présidence héréditaire”. Le Wafd, qui se prépare à jeter dans l'arène son président Noôman Gomaâ, est le plus ancien parti égyptien. K. A.