Edition Les éditions du Tell ont réédité L?Algérie et les peintres orientalistes de Victor Barrucand, paru pour la première fois en 1930, à l?occasion du centenaire de la colonisation de l?Algérie. Edité en deux volumes, le livre rassemble, dans le premier tome, les critiques et les réflexions sur l?art et la peinture en Algérie que le journaliste avait, tout au long de sa carrière, publiées dans des journaux et des présentations de peintures et de poèmes évoquant des villes algériennes. Le deuxième tome présente, quant à lui, 24 planches en couleur de peintres appartenant à l?Ecole d?Alger comme Louis Antani, Armand Assus, Maurice Bouviolle ou encore Mohamed Racim. Les éditions du Tell, installées à Blida, ont réédité cet ouvrage en un seul volume comprenant le contenu des deux tomes. Il a été réédité «parce que c?était un beau livre», explique François Lefèvre, l?éditeur. Et d?ajouter : «On a pris le pari qu?il intéresserait, et dès sa sortie on s?est vite rendu compte qu?il était très demandé». Victor Barrucand était un ami de l?Algérie. Il a tellement aimé l?Algérie qu?il s?est consacré tout entier à la défense des indigènes dans L?Akhbar, considéré comme le plus ancien journal de la colonie française, avant d?occuper, en 1900, pendant deux années, le poste de rédacteur en chef du quotidien algérois Nouvelles. Dans L?Akhbar, Victor Barrucand signera d?ailleurs de nombreux articles d?opinion, à travers lesquels il défendra l?assimilation des Algériens. Entouré d?une équipe de journalistes qualifiés, de lettrés et même de traducteurs arabophones ainsi que d?écrivains métropolitains et algériens, Victor Barrucand, soucieux de la densité et de l?objectivité, traitait l?actualité et les faits avec beaucoup de précision. Cela faisait de ce journal une référence pour saisir l?histoire dans son accomplissement. Charles-Robert Ageron, spécialiste de l?histoire de l?Algérie, qualifie d?ailleurs L?Akhbar de «remarquable hebdomadaire» et ajoute que «sa lecture in extenso nous a beaucoup appris». Aimant soulever les polémiques, critiquer et commenter, Victor Barrucand, qui s?est engagé sur le plan politique aux côtés des intellectuels musulmans, aime également les arts et la culture. Il s?avère un protecteur de la musique indigène qu?il ne cessera de défendre et de promouvoir au point de solliciter la création d?une institution spéciale de musique maure et fait en sorte que soient représentées au théâtre les premières pièces en arabe. Très proche de la société algérienne dite «indigène», Victor Barrucand, qui s?est éteint le 13 mars 1934 à El-Biar, appartenait à cette élite intellectuelle française soucieuse du développement artistique en Algérie.