Résumé de la 6e partie Cassim se rendit à la grotte. Surpris par les voleurs, il est tué. De quelque manière que la chose fût arrivée, comme il s'agissait que leurs richesses communes fussent en sûreté, ils convinrent de faire quatre quartiers du cadavre de Cassim et de les mettre près de la porte, en dedans de la grotte, deux d'un côté, deux de l'autre, pour épouvanter quiconque aurait la hardiesse de faire une pareille entreprise ; sauf à ne revenir dans la grotte que dans quelque temps, après que la puanteur du cadavre serait exhalée. Cette résolution prise, ils l'exécutèrent ; et quand ils n'eurent plus rien qui les arrêtait, ils laissèrent le lieu de leur retraite bien fermé, remontèrent à cheval et allèrent battre la campagne sur les routes fréquentées par les caravanes, pour les attaquer et exercer leurs brigandages accoutumés. La femme de Cassim, cependant, fut dans une grande inquiétude quand elle vit qu'il était nuit close et que son mari n'était pas revenu. Elle alla chez Ali Baba tout alarmée, et elle dit : «Beau-frère, vous n'ignorez pas, comme je le crois, que Cassim votre frère est aIlé à la forêt, et pour quel sujet. Il n'est pas encore revenu, et voilà la nuit avancée ; je crains que quelque malheur ne lui soit arrivé.» Ali Baba s'était douté de ce voyage de son frère, après le discours qu'il lui avait tenu ; et c'est pour cela qu'il s'était abstenu d'aller à la forêt ce jour-là, afin de ne lui pas donner d'ombrage. Sans lui faire aucun reproche dont elle pût s'offenser ni son mari, s'il eût été vivant, il lui dit qu'elle ne devait pas encore s'alarmer et que Cassim, apparemment, avait jugé à propos de ne rentrer dans la ville que bien avant dans la nuit. La femme de Cassim le crut ainsi, d'autant plus facilement qu'elle considéra combien il était important que son mari fit la chose secrètement. Elle retourna chez elle et elle attendit patiemment jusqu'à minuit. Mais après cela, ses alarmes redoublèrent avec une douleur d'autant plus sensible, qu'elle ne pouvait la faire éclater ni la soulager par des cris dont elle vit bien que la cause devait être cachée au voisinage. Alors, si sa faute était irréparable, elle se repentit de la folle curiosité qu'elle avait eue, par une envie condamnable de pénétrer dans les affaires de son beau-frère et de sa belle-s?ur. Elle passa la nuit dans les pleurs et, dès la pointe du jour, elle courut chez eux et elle leur annonça le sujet qui l'amenait, plutôt par ses larmes que par ses paroles. Ali Baba n'attendit pas que sa belle-s?ur le priât de se donner la peine d'aller voir ce que Cassim était devenu. Il partit sur-le-champ avec ses trois ânes, après lui avoir recommandé de modérer son affliction, et il alla à la forêt. En approchant du rocher, après n'avoir vu dans le chemin ni son frère ni les dix mulets, il fut étonné du sang répandu qu'il aperçut près de la porte et il en prit un mauvais augure. Il se présenta devant la porte, il prononça les paroles, elle s'ouvrit ; et il fut frappé du triste spectacle du corps de son frère mis en quatre quartiers. Il n'hésita pas sur le parti qu'il devait prendre, pour rendre les derniers devoirs à son frère, en oubliant le peu d'amitié fraternelle qu'il avait eue pour lui. (à suivre...)