Les révélations de Giuliana Sgrena, après sa libération, et de son compagnon secouent l?Italie et la planète entière. Ce sont de graves accusations qui impliquent aujourd?hui les États-Unis. Il n?est plus question de bavure, d?incident ou de véhicule qui roulait trop vite, mais plutôt de guet-apens tendu pour tuer une journaliste qui en sait trop. D?ailleurs, le quotidien Il Manifesto qualifie l?incident d?«assassinat». «L?incident» de la libération de la journaliste italienne ne semble pas avoir livré tous ses secrets. Les versions se contredisent et une vraie crise diplomatique entre Washington et l?Italie pointe à l?horizon. En effet, dès son entrée samedi matin à Rome, Giuliana Sgrena et son compagnon ont livré une autre version des faits qui contredit celle avancée par l?armée américaine d'un tir après sommations contre un véhicule non identifié roulant à grande vitesse. «Une pluie de feu s'est abattue sur la voiture au moment même où je parlais avec Nicola Calipari (le chef des services secrets italiens en Irak). On n'allait pas très vite (...). Le feu continuait. Le chauffeur n'arrivait même pas à expliquer que nous étions Italiens», a témoigné la journaliste dans un entretien accordé à une chaîne de télévision. Vraisemblablement épuisée par l?incident et l?opération qu?elle vient de subir, l?oratrice a attesté que les tirs de feu étaient injustifiés, car le véhicule roulait à une allure normale et non susceptible de malentendus. «Ce n'était pas un point de contrôle, mais une patrouille qui nous a tiré dessus juste après nous avoir illuminés avec un phare» ont révélé aux enquêteurs Giuliana Sgrena et l'agent des services secrets, Pier Scolari. Ce dernier n?a pas mâché ses mots et a accusé ouvertement l?armée américaine d?avoir tenté de tuer l?otage italienne. «Giuliana avait des informations et les militaires américains ne voulaient pas qu'elle s'en sorte vivante? C?est une embuscade. D?ailleurs, toute la fusillade a été suivie en direct par la présidence du Conseil qui était au téléphone avec un des membres des services spéciaux. Puis les militaires américains ont confisqué et éteint les téléphones portables», a expliqué M. Scolari. «Mme Sgrena était tombée dans un guet-apens et ses ravisseurs l'avaient mise en garde, avant sa libération, que les Américains voulaient la tuer par crainte des informations qu'elle avait recueillies en Irak», a-t-il déclaré.Bavure, incident ou accident volontaire ? Autant de questions qui demandent une réponse. Une telle opération aurait-elle pu être effectuée sans que l?armée américaine soit au courant ! Et puis comment avoir fusillé un véhicule à 700 m de l?aéroport et qui avait dépassé tous les postes de contrôle ? «C?est un assassinat» Le quotidien Il Manifesto, l?un des plus farouches journaux adversaires de l'intervention militaire américaine en Irak, a appelé l?incident «assassinat» et l?a qualifié «d?embuscade» visant à tuer la journaliste italienne.