Paradoxe La nouvelle de la mort du chef de l'équipe des services spéciaux italiens a terni la joie de la libération, hier, de la journaliste italienne. Vendredi. Alors que le convoi italien conduit l?otage libérée vers l?aéroport de Bagdad, il essuie des tirs de soldats américains planqués dans un poste de contrôle. Calipari Nicola fait un bouclier de son corps pour protéger la journaliste, il est tué sur le coup. Deux autres fonctionnaires italiens sont blessés, dont l?un grièvement. Sgrena est blessée, elle sera transférée en urgence vers un hôpital de la coalition et subira une opération au niveau du poumons, son état n?est pas jugé grave. Elle devrait rejoindre aujourd?hui l?Italie. Sans plus attendre, l?armée américaine confirme l'incident et justifie cette énième bavure : «Avant de tirer sur le convoi, les soldats ont d'abord agité les bras, fait clignoter des lumières blanches et procédé à des tirs de sommation pour faire arrêter le véhicule qui roulait à grande vitesse. La voiture allait vite et ne s'est pas arrêtée malgré les sommations.» L?Italie, officieuse du moins, n?est pas convaincue par cette explication. C?est le deuil. L?annonce de la nouvelle a secoué les Italiens qui n?avaient pas manqué, le 19 février dernier, de manifester leur solidarité avec leur journaliste, demander sa libération ainsi que le retrait des troupes italiennes de l?Irak. La joie s?est dissipée rapidement laissant place à la douleur et aux larmes. «Le temps de récupérer une vie et d'en perdre une autre dans l'absurdité d'une guerre où nous risquons de nous perdre tous», écrit dans son éditorial Gabriele Polo, le directeur d'Il Manifesto, le quotidien de gauche pour lequel Mme Sgrena était envoyée spéciale en Irak. Les réactions diplomatiques ne se sont pas fait attendre non plus. Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, important allié du président américain dans sa guerre contre l?Irak, a demandé d?emblée des explications aux Etats-Unis et a convoqué d'urgence l'ambassadeur américain pour lui demander des clarifications dans les plus brefs délais et de la manière la plus complète les circonstances de cet incident. Vendredi soir, le président américain George W. Bush, en déplacement pourtant, a appelé de son avion le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi pour lui exprimer ses regrets et l?assurer qu?une «enquête complète» sera ouverte. Cependant, un tel incident risque de déclencher, une nouvelle fois, un affrontement entre la gauche et la droite à propos de la présence militaire italienne en Irak. Pour rappel, l'Italie a soutenu l'intervention américaine en Irak et a dépêché un contingent de 3 000 hommes à Nassiriyah (sud) en juin 2003.