Entrée 19h 50. La chanteuse libanaise fait son apparition sur scène sous les applaudissements nourris, les youyous et les cris de joie des spectateurs qui commençaient à affluer à la Coupole dès 18h. Majda Erroumi, arborant une belle robe traditionnelle libanaise, s?arrête un instant, émue par autant de chaleur et de générosité. Moment fort. Elle baisse la tête pendant quelques minutes pour saluer son public et exprimer sa reconnaissance et son respect et apprécier ces retrouvailles. «Vous me manquiez ! Les soirées que j?ai animées ici me manquaient. Oui, elles sont inoubliables ! Aujourd?hui, je suis venue chanter avec un c?ur blessé, je vais chanter, ce soir, Beyrouth la blessée», inaugure-t-elle son discours. Sur un ton chagriné et troublé, elle lance un appel direct au président de la République qui a assisté à son concert. «Dans quelques jours l?Algérie accueillera le Sommet arabe. Je souhaite profondément que cette importante rencontre réussisse à unifier les rangs des Arabes. Même si nous avons des états différents, nous ne formons qu?une seule nation. Lorsqu?un seul pays est en danger, c?est toute cette terre qui est mise en danger», déclare la diva libanaise plaidant encore la «libération» de son pays. Une cause qu?elle ne cesse de défendre depuis son arrivée à Alger, samedi passé. D?ailleurs, sa première chanson est dédiée au Liban : «Je ne pensais jamais rechanter cette mélodie, mais aujourd?hui les conditions m?y obligent?.». Le public applaudit. «Venue de Beyrouth, je dis à haute voix : l?aube apparaîtra et éclairera les maisons quand bien même la nuit serait longue? Les pays ne meurent jamais et Beyrouth ne mourra jamais?.» chante-t-elle. Des fleurs, des youyous, des cris accompagnent ses paroles durant tout le concert. Par moments, les spectateurs, pour la plupart des femmes, se mettent debout et applaudissent avec frénésie leur idole : «Majda, Majda, Majda?.», scandent-ils en répétant avec elle et pendant près de deux heures ses morceaux les plus connus : Khoudni Habibi, Yassalouni Alaik Ennass, Kalimat, Koun Sadiki. A 22 h, la soirée s?achève. Le président de la République quitte la coupole, suivi de ses gardes du corps et des ministres, la chanteuse s?éclipse de la scène après avoir chanté Saïdi el-raïs tahia?, un message lancé au président pour plaider la cause du Liban? Le public s?en va. Quelques fans, des femmes surtout, attendent devant les vestiaires pour accrocher leur artiste. Plus de 15 minutes plus tard, celle-ci apparaît furtivement, escortée par une dizaine de gardes du corps algériens. Ni autographes ni photos? «Ce n?est pas gentil de sa part, elle est partie ainsi, alors que je n?attendais que ce moment, pourquoi nous fait -elle ça ?», s?emporte une jeune fille. Une autre s?effondre contre un mur avec ses copines : «Nous aussi, sommes venues de très loin pour la voir. Elle, elle ne nous a même pas vues, ni accordé un moment !».