Une foule immense a investi la Coupole pour écouter la diva du Levant, du pays du Cèdre. Même le président de la République s'est laissé tenter et a succombé au charme de la belle Libanaise. Difficile de résister au charme du Levant enchanteur, à la douceur de l'Orient, au murmure de ses amours brûlantes... Ce que Majda Erroumi traduit avec beaucoup de talent, d'émotion, d'emportement. Lorsqu'elle entre sur scène, éblouissante dans une sombre toilette, la salle est déjà archicomble. Au premier rang, le plus fidèle spectateur, Bouteflika, ému et attentif. Le public l'accueille avec un tollé d'applaudissements et de youyous. La chanteuse commence par quelques mots de remerciements fraternels, parce que « nous sommes un seul peuple », souligne-t-elle. Suite à quoi, elle attaque de front deux heures de concert : Beyrouth, Bi ysalouni alik (on me questionne sur toi), Ah ! ma adjmalek (ô ! que tu es beau), Ana âam bahlem (moi je suis en train de rêver), Koun sadiqi (sois mon ami).... L'assistance, qui reprend en chœur tous les refrains, est complètement transportée d'émotion. Et lorsqu'elle, d'une voix chargée d'émoi, entonne une triste chanson sur Rafic Hariri, le Premier ministre libanais tué le 14 février dernier dans un attentat, c'est au tour de Bouteflika de s'émouvoir et de verser quelques larmes. La foule se déchaîne lorsque les musiciens entament Ma hada bi aâbi matrahek bi albi (nul ne prendra ta place dans mon cœur), l'une de ses plus anciennes chansons. Majda Erroumi l'allongera pour faire plaisir aux spectateurs, lesquels la complètent d'une même voix. Mais le meilleur restait à venir : Kalimate (des mots), à laquelle nul ne résistera, finit de transporter la foule vers d'autres rivages, d'autres amours. D'autant que la musique prend de multiples résonances. Le tango fait sensation lorsqu'il épouse l'oriental. Là, alors que le concert touchait à sa fin, Bouteflika rejoint la chanteuse sur scène pour lui décerner le bouclier de l'information et de la culture, ainsi que la médaille du 50e anniversaire de la révolution du 1er Novembre. La Libanaise reprend possession de la scène et, pour bien clôturer son spectacle, s'aligne devant ses choristes qui se transforment en danseurs. Pourtant, l'attention du public est détournée par un autre danseur, sur les gradins, qui fait une impressionnante performance. C'est ainsi que s'achève le troisième concert en Algérie de la belle Libanaise. Elle n'aura livré que d'anciennes chansons, mais comme elle l'avait expliqué lors de sa conférence de presse, dimanche dernier à l'ENTV, il lui était impossible de puiser dans son dernier album puisque celui-ci ne sort que dans quelques jours. Mais quelle importance, la nostalgie était au rendez-vous ! Majda Erroumi a su livrer à son public les échelles qui mènent au Levant.