Résumé de la 11e partie Trois jours après l'enterrement, Ali Baba transporta les meubles qu'il avait, avec l'argent du trésor des voleurs, dans la maison de la veuve de son frère, pour s'y établir. «Nous sommes découverts et perdus, dit le capitaine, si nous n'y prenons garde ; et si nous ne cherchons promptement à y apporter le remède, insensiblement nous allons perdre tant de richesses que nos ancêtres et nous avons amassées avec tant de peine et de fatigues. Tout ce que nous pouvons juger du dommage qu'on nous a fait, c'est que le voleur que nous avons surpris a eu le secret de faire ouvrir la porte, et que nous sommes arrivés heureusement à point nommé dans le temps qu'il en allait sortir. Mais il n'était pas le seul ; un autre doit l'avoir comme lui. Son corps emporté et notre trésor diminué en sont des marques incontestables ; et comme il n'y a pas d'apparence que plus de deux personnes aient eu ce secret après avoir fait périr l'un, il faut que nous fassions périr l'autre de même. Qu'en dites-vous, braves gens, n'êtes-vous pas de même avis que moi ?» La proposition du capitaine des voleurs fut trouvée si raisonnable par sa compagnie qu'ils l?approuvèrent tous, et qu'ils tombèrent d'accord qu'il fallait abandonner toute autre entreprise pour ne s'attacher uniquement qu'à celle-ci, et ne s'en départir qu'ils n'y eussent réussi. «Je n'en attendais pas moins de votre courage et de votre bravoure, reprit le capitaine ; mais avant toute chose, il faut que quelqu'un de vous, hardi, adroit et entreprenant, aille à la ville, sans armes, et en habit de voyageur et d'étranger, et qu'il emploie tout son savoir-faire pour découvrir si on n'y parle pas de la mort étrange de celui que nous avons massacré comme il le méritait, qui il était, et en quelle maison il demeurait. C'est ce qu'il nous est important que nous sachions d'abord, pour ne rien faire dont nous ayons lieu de nous repentir en nous découvrant nous-mêmes dans un pays où nous sommes inconnus depuis si longtemps et où nous avons un si grand intérêt de continuer de l'être. Mais afin d'animer celui de vous qui s'offrira pour se charger de cette commission, et l'empêcher de se tromper, en nous venant faire un rapport faux, au lieu d'un véritable, qui serait capable de causer notre ruine, je vous demande si vous ne jugez pas à propos qu'en ce cas-là il se soumette à la peine de mort.» Sans attendre que les autres donnassent leurs suffrages, «je m'y soumets, dit l'un des voleurs, et je fais gloire d'exposer ma vie, en me chargeant de la commission. Si je n'y réussis pas, vous vous souviendrez au moins que je n'aurai manqué ni de bonne volonté ni de courage pour le bien commun de la troupe.» Ce voleur, après avoir reçu de grandes louanges du capitaine et de ses camarades, se déguisa de manière que personne ne pouvait le prendre pour ce qu'il était. En se séparant de la troupe, il partit la nuit, et il prit si bien ses mesures qu'il entra dans la ville dans le temps que le jour ne faisait que commencer à paraître. Il avança jusqu'à la place, où il ne vit qu'une seule boutique ouverte, et c'était celle de Baba Moustafa. (à suivre...)