Etonnement Il fait le tour du village mais aucun habitant n?accepte, contrairement à l?usage établi, de lui accorder l?hospitalité. Il est venu de M?sila, au centre du pays, et a traversé des centaines de kilomètres, s?arrêtant quand il est fatigué, passant la nuit dans les villages ou alors à la belle étoile il n?avait rien mais comme il était un homme de Dieu, un saint, les portes s?ouvraient devant lui. Il lui suffisait de frapper à une porte et de dire : «Maître de cette maison, je vous demande l?hospitalité, au nom de Dieu»,et on le recevait. Il disait alors son nom : Sidi Boudjemlil et on se pressait de le servir car sa réputation était grande. On lui faisait des offrandes pour sa zaouia et il repartait, donnant sa bénédiction. C?est ainsi qu?il arrive dans la région de Touggourt. La ville comporte aujourd?hui plusieurs quartiers avec un enchevêtrements de ruelles dont certaines, comme au quartier de Nezla, sont couvertes de poutres en tronc de palmier. A l?arrivée de Sidi Boudjemlil, il n?y avait que quelques maisons de toub serrées les unes contre les autres. Et, au fameux quartier de Nezla, il y avait juste une baraque? Sidi Boudjemlil croit trouver ici l?hospitalité qu?on lui donne ailleurs. Il repère la maison qui lui paraît la plus riche et il frappe à la porte. Un homme ouvre la porte et le regarde avec hostilité. ? Que veux-tu ? ? Je suis un étranger de passage, répond le saint homme, la nuit va bientôt tomber, je te demande l?hospitalité au nom de Dieu et de son Prophète généreux ! ? Ma maison est étroite et je n?ai aucune nourriture à t?offrir, dit l?homme, toujours hostile. ? Un petit coin pour dormir suffira et je me contenterai de quelques dattes pour tout repas. Dieu agrandira ta maison et remplira de vivres tes réserves ! ? Va plutôt chez mon voisin, dit l?homme, sa maison est plus spacieuse et ses réserves plus importantes que les miennes ! Et il lui ferme la porte au nez ! Le saint homme est surpris par cet accueil mais il fit comme on lui avait dit. Il alla donc frapper à la porte de la maison à côté. Il reçut le même accueil hostile. ? Nous n?avons que faire d?étrangers, ici ! ? Si tu es croyant, dit Sidi Boudjemlil, tu ne peux me refuser l?hospitalité que je te demande au nom de Dieu et de son Prophète ! ? Va-t-en, dit l?homme, sinon je te chasserai à coups de bâton. Sidi Boudjemlil n?a guère plus de chance avec la troisième et la quatrième maisons. En fait, aucun habitant du village ne veut l?héberger. ? Vous êtes donc méchants à ce point ? dit-il au maître de la dernière maison qui, lui aussi, refuse de le recevoir. Partout où je vais on me reçoit mais ici, toutes les portes, sans exception, se ferment devant moi. ? Va plutôt voir Behadja, dit l?homme Le saint le regarde, étonné. ? Qui est donc cette Behadja ? ? C?est une femme aux m?urs légères, nous l?avons chassée du village, elle vit dans une cabane seule, peut-être que si tu lui donnais quelques pièces, elle accepterait de te recevoir ! (à suivre...)