Fantastiquees L?Algérie et le Maghreb n?ont pas l?apanage des bêtes étranges. Depuis longtemps, on en signale dans toutes les contrées du monde, l?ancien comme le nouveau ! En Europe, la salamandre, nom donné aujourd?hui à un petit batracien ressemblant à un lézard, passait pour un animal fantastique que l?on croyait être l?esprit du feu. Au XVIe siècle, dans son autobiographie, l?Italien Benvenutto Cellini raconte comment son père lui a montré, alors qu?il avait cinq ans, une petite bête en forme de lézard qui court, sans se consumer, dans un feu de bois. «Le lézard, que tu vois là dans le feu, explique-t-il au jeune garçon, est une salamandre, que personne, digne de foi, n?a jamais vue.» Dans l?Europe de la renaissance, on continuait à croire à l?existence des animaux fantastiques de l?antiquité. C?est le cas du phénix, l?oiseau qui, selon Hérodote, volait tous les cinq cents ans d?Arabie pour enterrer les restes de son père, ou le basilic ? ce serpent que les auteurs romains et grecs situaient au Maghreb ? qui, de son seul regard, paralysait ses victimes avant de s?attaquer à elles ! Et lorsqu?un physicien anglais, sir Thomas Browne, conteste, au milieu du XVIIe siècle, l?existence du phénix, dans un livre au titre évocateur,Vulgar error, (erreur commune), un autre savant se moque de lui : bien sûr que le phénix existe, seulement Dieu l?a dissimulé aux regards de l?homme de peur que celui-ci, voulant goûter à sa chair, ne le massacre ! D?autres auteurs, faute de retrouver dans la nature les animaux de la légende, vont s?amuser à donner le nom de ces animaux aux bêtes qu?ils découvrent. Ainsi, on donnera le nom du terrible basilic à un lézard inoffensif du Mexique et celui du phénix à un héron, au magnifique plumage doré. On attribuait à certains animaux imaginaires des vertus curatives : c?est le cas de la licorne ? un cheval portant une longue corne torsadée sur le front ? dont la corne passait pour guérir nombre de maladies. Les charlatans produisaient des fragments de cette corne et les patients crédules les prenaient sans se soucier si l?animal existait ou pas ! (à suivre...)