Histoire n Les auteurs anciens ont décrit le Maghreb comme la terre des grands fauves et des serpents gigantesques, mais aussi le pays des bêtes étranges et fantastiques. Au premier rang de ces animaux, il convient de citer le catoblépon qui, selon les portraits qui en ont été faits, ressemble au taureau, mais est très féroce et, paraît-il, doté de pouvoirs surnaturels. L'écrivain latin Elien le décrit ainsi : il a le corps massif et puissant, la tête petite, les sourcils épais et relevés ; le plus terrible, ce sont ses yeux injectés de sang ; le plus souvent il tient la tête baissée, regardant toujours à terre. Il a une crinière qui part du sommet de la tête, descend par le front, encadrant sa face, lui donnant un air encore plus terrible. Quand il regarde en dessous, à la manière des taureaux, il se hérisse et dresse sa crinière. On découvre alors ses lèvres et un souffle fétide sort de son gosier. Comme il ne se nourrit que de plantes vénéneuses, son souffle lui-même est empoisonné et il empoisonne l'air autour de lui. Tout être qui le respire, homme ou bête, s'écroule, saisi de convulsions puis tombe mort. Aussi, les hommes qui le connaissent, comme les bêtes, s'enfuient-ils à son approche. Selon un autre auteur, Athénée, qui tient ses informations d'autres auteurs, le catoblépon, qui vit au pays des nomades, n'est rien d'autre que la gorgone ou l'une des trois gorgones puisque, selon la mythologie, il s'agit de trois femmes, Méduse, Euryale et Sthényo, qui avaient le pouvoir de transformer en pierre ceux qu'elles regardaient. Selon Athénée, pour qui l'existence de cet animal étrange ne fait pas de doute, le catoblépon ressemble à un mouton sauvage ou à un gros veau. Comme chez Elien, il porte une crinière qui descend de la tête et entoure les yeux, lui donnant un air terrifiant. Son regard, comme chez les gorgones, pétrifie tous ceux qui le fixent. Athénée rapporte qu'au cours de la guerre de Jugurtha, des soldats de Marius, apercevant un catoblépon, qu'ils ont pris pour un mouton sauvage, l'ont poursuivi : c'est alors que l'animal, se retournant, les fixe de son regard, les tuant aussitôt. Cet animal étrange a terrifié le Maghreb ancien. Depuis, Cuvier a cru reconnaître en lui l'antilope gnou, mais cet animal sauvage n'a aucun des pouvoirs attribués au catoblépon. (à suivre...)