Mémoire La quatrième journée du Festival d?art dramatique de Mostaganem a été marquée, jeudi dernier, par un hommage rendu au comédien et dramaturge Abdelkader Alloula. D?abord, avant de passer la parole aux participants, Mme Raja Alloula a tenu à déclarer à l?assistance que Abdelkader Alloula véhiculait à travers ses différentes créations théâtrales sa vision du monde et de la vie. «Avant qu?il ne soit un auteur dramatique, il était un comédien et s?il s?est lancé dans l?écriture, c?est parce qu?il éprouvait le besoin de dire, de montrer, de véhiculer un message, de faire prendre à tous conscience d?une réalité, comme s?il s?agissait d?un devoir de projeter la réalité sur scène. Dans toutes ses pièces, dont les textes sont inspirés du vécu social, le dramaturge aborde et traite les difficultés ainsi que les préoccupations de la société, notamment la classe ouvrière.» Et pour conclure, elle précise l?objectif de sa fondation, celui qui consiste à aider tous les jeunes dans leur engagement envers le théâtre. Kali, un journaliste, intervient ensuite pour dire que Abdelkader Alloula est aujourd?hui aussi productif et connu que de son vivant. «Il exerce aujourd?hui une véritable influence sur le théâtre amateur. De nombreux jeunes mettent en scène ses pièces théâtrales.» S?il a pu accaparer toute l?attention et l?intérêt de l?ensemble de cette jeunesse qui voit en lui un maître, une référence, c?est parce que Abdelkader Alloula avait une façon bien à lui de concevoir et de faire du théâtre. Cette approche si personnelle de l?art dramatique se traduit à travers une vision qu?il portait sur ce genre artistique. Autrement dit : «Abdelkader Alloula considérait l?art théâtral comme étant une fonction. Il était donc inscrit dans une fonction sociale du théâtre, une fonction qui contribue à la transformation profondément révolutionnaire de la société.» D?ailleurs, tout ce que le dramaturge faisait était en étroite relation avec la réalité sociale, et ses pièces théâtrales traduisent ce lien si fort et si particulier qu?il avait tissé avec la classe populaire. Au cours de son intervention, Kali s?est attelé à définir le personnage de Abdelkader Alloula. «Le dramaturge était à la fois un homme politiquement et idéologiquement engagé, un homme versé dans un théâtre des humbles (et non pas celui de la bourgeoisie), c?est-à-dire qu?il militait et ?uvrait pour un théâtre populaire. Enfin, il était le promoteur d?un genre théâtral nouveau.» Dans ce dernier contexte, l'intervenant affirme : «Abdelkader Alloula voulait que le public vienne voir sa pièce, non pas avec ses yeux, mais plutôt avec ses oreilles et son esprit.» C?est la raison pour laquelle, tous ses textes sont d?une grande dimension poétique. «C?est donc à travers ses différentes ?uvres qu?on pouvait déceler toutes ces personnalités qu?avait Abdelkader Alloula», conclut-il Menad, universitaire, déclare : «Il se trouve en effet qu?Abdelkader Alloula représente beaucoup de choses et pour les artistes et pour les universitaires et pour le théâtre algérien. Il représente en la matière une référence.» Investissant le patrimoine culturel populaire après Kaki, travaillant assidûment pour une refondation et une renaissance du théâtre algérien, Abdelkader Alloula, devenu une école, reste désormais inscrit dans notre mémoire culturelle collective. Abdelkader Alloula était humble à tel point qu?on ne se rendait pas compte de son immensité.