D?aucuns ont remarqué la prolifération de la mendicité ces dernières années. Les rues et ruelles des villes du pays, qu?elles soient grandes ou petites, grouillent de mendiants. Cela dénote que l?Algérien a de plus en plus de mal à s?adapter aux nouvelles donnes découlant des réformes économiques engagées depuis quelques années. Aujourd?hui, ceux qui mendient ne sont pas spécialement des gens qui n?ont ni famille ni ressources? Même en travaillant, on n?est pas à l?abri du besoin. Ainsi, nombreuses sont les mères de famille qui se retrouvent dans l?obligation de faire du porte-à-porte ou d?aller carrément tendre la main dans la rue afin de ramasser un peu d?argent à même de leur permettre de joindre les deux bouts, le salaire du père ou du fils ne suffisant plus à faire face aux besoins de la famille. Autre facette de cette mendicité : même les jeunes en âge de travailler ne se gênent pas pour demander l?aumône, ce qui, il faut le dire, n?existait pas par le passé, . « On préfère mendier plutôt que voler. On a beau chercher du travail, en vain», disent souvent ces jeunes. Cela nous amène inévitablement à souligner que la mendicité est intimement liée au marché de l?emploi. Ce dernier proposant de moins en moins d?offres depuis les années 1990, le phénomène de la mendicité ne pouvait que prendre de l?ampleur. Le pouvoir d?achat de l?Algérien est en baisse sensible. Pour le vérifier, il faut peut-être aller faire un tour chez les commerçants. Ceux-ci sont, certes, toujours fréquentés, mais force est de constater que les gens ont de plus en plus tendance à n?acheter que les produits de première nécessité. Sur ce registre, il est bon de rappeler que de nombreuses familles ne goûtent à la viande qu?une fois l?an à l?occasion de l?Aïd El-Kebir, alors que pour d?autres, le dessert ne veut pas dire grand-chose. Chez les commerçants, les affiches du genre «La maison ne fait pas de crédit» ou «La maison fait du crédit aux seules personnes âgées de 90 ans accompagnées de leurs parents», ont subitement disparu. C?est que le commerçant risque de fermer boutique, de nos jours, s?il ne fait pas crédit. Conséquence : les carnets de crédit ont refait surface. La propagation des ventes par facilités est un autre indice de la baisse du pouvoir d?achat de l?Algérien.