Le phénomène de la mendicité se banalise dans notre société. Durant le mois de Ramadhan, les quémandeurs envahissent presque toutes les villes. Dans la ville de Bouira, le constat est alarmant. Un petit tour au centre-ville permet de se convaincre que le nombre des mendiants et surtout mendiantes est en passe d'accroître, notamment durant la période du mois sacré. Ils sont de plus en plus nombreux, au point de dire que la mendicité est devenue un vrai métier, voire un emploi où tout le monde peut gagner de l'argent. On les voit généralement aux alentours des mosquées, aux marchés et à l'entrée des magasins. Ils guettent les passants, espérant leur soutirer quelques dinars. « Chaque année, durant cette période, la ville de Bouira est envahie par des mendiants venus des autres régions et même des autres wilayas du pays, et maintenant, difficile de faire la distinction entre le vrai ou le faux mendiant », nous dira Akli, habitant le quartier Château d'eau au nord de la ville. Notre interlocuteur estime que ces derniers profitent de cette période de charité pour tendre de plus en plus la main pour se remplir les poches. « Une mendiante est venue chez moi dans le magasin, me demander de faire l'échange en billets, elle a ramené avec elle une somme de 15 000 DA », a déclaré un jeune possédant un taxiphone au centre-ville. Ce phénomène s'accroît d'année en année au niveau des principales villes de Bouira. La raison, invoquée pour certains est bien sûr la pauvreté. Aldjia, femme de 5 enfants, elle a dévoilé les raisons lesquelles l'ont obligée à tendre la main. Au début, elle n'avait guère envie, avoue-t-elle, d'être vue des gens de son quartier, mais elle dira « comment voulez-vous que je ne tende pas ma main ? J'ai 5 enfants, et mon mari, nous a jetés à la rue, je ne pouvais plus, il me donne 10 000 DA par mois, avec la scolarité de mes enfants je n'arrive pas à satisfaire les besoins de ma famille, j'habite un garage que j'ai loué à raison de 6000 DA, je suis obligée de quémander », enchaîne-t-elle, elle, qui a choisi ce métier, juste comme gagne-pain. La pauvre dame lance : « Parfois j'ai du mal à nourrir mes enfants, j'ai décidé donc de tenter l'aventure. » Cependant, durant les nuits du Ramadhan, les mendiants qui occupent le trottoir pendant la journée, font aussi leur apparition après la rupture du jeûne. Avant les « Taraouih », des femmes accompagnées de leurs enfants, sillonnent les ruelles de différentes villes de la wilaya. Cela nous emmène à dire que l'image qu'offrent nos villes pendant le mois sacré est déplorable.