Résumé de la 3e partie Les trois accusés et la femme violée ont refusé la confrontation. Mais cette dernière, sur instance de son avocate, accepte de témoigner. Nadine fixe le président, n'accordant pas un regard vers le box des accusés. «Je rentrais seule en voiture après une soirée passée avec des amis dans une discothèque. J'ai aperçu une 205 rouge qui roulait très lentement. J'ai cru que ses occupants cherchaient leur route. Je l'ai doublée et je me suis aperçue qu'elle se mettait à me suivre. Alors, la 205 rouge m'a doublée et m'a fait une queue de poisson, m'obligeant à m'arrêter. Un homme grand, portant une cagoule, m'a sortie violemment de ma voiture et m'a emmenée de force dans la 205. Il m'a poussée sur la banquette arrière. Les deux autres occupants de la voiture étaient également cagoulés et gantés. Ils m'ont mis ma veste en coton sur la tête. J'ai tout de suite pensé que j'allais être violée et tuée...» Et la jeune femme poursuit son terrible récit. La voiture s'arrête dans un terrain vague. Elle distingue à présent les trois hommes : il y a un grand, un moyen et un gros ; le grand semble le chef de la bande. Ils mettent les sièges en position couchette, la déshabillent et lui déclarent : «Si tu pleures, on t'égorge !» Ils la violent à tour de rôle. Elle les laisse faire : c'est le seul moyen de rester en vie... Enfin, ses agresseurs s'arrêtent. Le plus grand d'entre eux la considère avec une certaine surprise. «C'est incroyable le sang-froid qu'a cette fille ! Elle n'a même pas pleuré.» Puis, il la libère en lui lançant : «T'es une vraie pute !...» Elle ne peut plus marcher. Elle doit ramper dans le terrain vague. Elle ne croit pas qu'ils lui laisseront la vie sauve. Elle s'attend à tout instant à recevoir une balle dans le dos, mais elle entend la voiture qui démarre. C'est fini ! Nadine se tait. Elle a achevé son récit sans faiblir. Après ce moment de vive émotion, le président l'interroge sur le signalement de ses violeurs. Elle est relativement précise compte tenu des circonstances. «Le grand avait un blouson de cuir et un jean, le moyen un pantalon à carreaux, le gros un pantalon bleu foncé et un ventre très prononcé ; sa cagoule ne lui arrivait qu'au bas du nez et il avait une moustache et un petit menton.» C'est exactement la description de Jacob... Le président demande : «Avez-vous reconnu un des pantalons saisis par les policiers ? ? Oui. Celui du moyen.» Les avocats abordent alors le sujet qui avait entraîné la suspension du premier procès. «Avez-vous vu des tatouages sur le sexe d'un de vos agresseurs ?» Nadine reste parfaitement maîtresse d'elle-même. «Je n'ai rien vu. Je fermais les yeux. Et je n'ai pas eu le loisir d?examiner leur anatomie pendant qu'ils me violaient.» Denis se lève alors.«Moi, je suis un père de famille. Je ne suis pas un violeur. Est-ce qu'il est possible de parler avec elle pour montrer que ce n'est pas ma voix qu'elle a entendue ?» Réponse de Nadine, sans détourner le regard : «Lors des reconstitutions, ils n'ont jamais voulu être en face de moi. Ils ont refusé la confrontation. Je n'ai rien d'autre à dire.» Le président invite Nadine, qui a déposé avec une grande dignité dans des conditions plus que pénibles, à se retirer... L'audience suivante est consacrée à l'audition de deux des trois «légionnaires» de B. Ces jeunes gens, improprement appelés légionnaires puisqu'en définitive ils ne se sont pas engagés, après avoir subi les tests d'incorporation à B., vagabondaient dans la région au moment des faits. Un instant soupçonnés, ils ont été mis hors de cause, mais la défense en a fait son cheval de bataille, voyant en eux les vrais coupables tandis que les trois Gitans seraient victimes d'une sombre machination. Afin que les choses soient parfaitement claires et qu'aucun doute ne subsiste dans l'esprit des jurés, le président les a néanmoins cités à comparaître. Ils ne sont que deux à se présenter à la barre, car le troisième est introuvable. (à suivre...)