Résumé de la 15e partie La mère d'Aladdin eut la patience d?entendre, sans l'interrompre, le récit qui, bien que merveilleux et surprenant, n?en était pas moins affligeant pour une mère. Dans les endroits néanmoins les plus touchants et qui faisaient connaître davantage la perfidie du magicien africain, elle ne put s'empêcher de faire paraître combien elle le détestait par les marques de son indignation ; mais dès qu'Aladdin eut achevé, elle se déchaîna en mille injures contre cet imposteur : elle l'appela traître, perfide, barbare, assassin, trompeur, magicien, ennemi et destructeur du genre humain. «Oui, mon fils, ajouta-t-elle, c'est un magicien, et les magiciens sont des pestes publiques : ils ont commencé avec les démons par leurs enchantements et par leurs sorcelleries. Béni soit Dieu qui n'a pas voulu que sa méchanceté insigne eût son effet entier contre vous ! Vous devez bien Le remercier de la grâce qu?Il vous a faite ! La mort vous était inévitable, si vous ne vous fussiez souvenu de Lui et que vous n'eussiez imploré son secours.» Elle dit encore beaucoup de choses, en détestant toujours la trahison que le magicien avait faite à son fils ; mais, en parIant, elle s'aperçut qu'Aladdin, qui n'avait pas dormi depuis trois jours, avait besoin de repos. Elle le fit coucher, et, peu de temps après, elle se coucha aussi. Aladdin, qui n'avait pris aucun repos dans le lieu souterrain où il avait été enseveli à dessein qu'il y perdît la vie, dormit toute la nuit d'un profond sommeil, et ne se réveilla le lendemain que fort tard. Il se leva ; et la première chose qu'il dit à sa mère ce fut qu'il avait besoin de manger, et qu'elle ne pouvait lui faire un plus grand plaisir que de lui donner à déjeuner. «Hélas ! mon fils, lui répondit sa mère, je n'ai pas seulement un morceau de pain à vous donner, vous mangeâtes hier au soir le peu de provisions qu?il y avait dans la maison ; mais donnez-vous un peu de patience, je ne serai pas longtemps à vous en apporter. J'ai un peu de fil de coton de mon travail ; je vais le vendre, afin de vous acheter du pain et quelque chose pour notre dîner. ? Ma mère, reprit Aladdin, réservez votre fil de coton pour une autre fois, et donnez-moi la lampe que j'apportai hier ; j'irai la vendre, et l?argent que j'en aurai servira à nous avoir de quoi déjeuner et dîner et peut-être de quoi souper.» La mère d'Aladdin prit la lampe où elle l'avait mise. «La voilà, dit-elle à son fils, mais elle est bien sale ; pour peu qu'elle soit nettoyée, je crois qu'elle en vaudra quelque chose davantage.» Elle prit de l'eau et un peu de sable fin pour la nettoyer ; mais à peine eut-elle commencé à frotter cette lampe qu'en un instant, en présence de son fils, un génie hideux et d'une grandeur gigantesque s'éleva et parut devant elle, et lui dit d'une voix tonnante : «Que veux-tu ? Me voici prêt à t'obéir comme ton esclave, et de tous ceux qui ont la lampe à la main, moi avec les autres esclaves de la lampe.» La mère d'Aladdin n'était pas en état de répondre : sa vue n'avait pu soutenir la figure hideuse et épouvantable du génie et sa frayeur avait été si grande dès les premières paroles qu'il avait prononcées qu'elle était tombée évanouie. (à suivre...)