Résumé de la 66e partie Le grand vizir instruisit l?officier de ramener Aladdin. Il le rencontra hors de la ville et lui dit que le sultan voulait le revoir? Aladdin fut conduit devant le sultan, qui l'attendait sur le balcon, accompagné du grand vizir ; et, sitôt qu'il le vit, il commanda au bourreau, qui avait eu ordre de se trouver là, de lui couper la tête sans vouloir l'entendre ni tirer de lui aucun éclaircissement. Quand le bourreau se fut saisi d'Aladdin, il lui ôta la chaîne qu'il avait au cou et autour du corps ; et, après avoir étendu sur la terre un cuir teint du sang d'une infinité de criminels qu'il avait exécutés, il l'y fit mettre à genoux et lui banda les yeux. Alors, il tira son sabre ; il prit sa mesure pour donner le coup, en s'essayant et en faisant flamboyer le sabre en l'air par trois fois, et il attendit que le sultan lui donnât le signal pour trancher la tête d'Aladdin. A ce moment, le grand vizir aperçut que la populace, qui avait forcé les cavaliers et qui avait rempli la place, venait d'escalader les murs du palais en plusieurs endroits et commençait à les démolir pour faire brèche. Avant que le sultan donnât le signal, il lui dit : «Sire, je supplie Votre Majesté de penser mûrement à ce qu'elle va faire. Elle va courir le risque de voir son palais forcé ; et, si ce malheur arrivait, l'événement pourrait en être funeste. ? Mon palais forcé ! reprit le sultan. Qui peut avoir cette audace ? ? Sire, repartit le grand vizir, que Votre Majesté jette les yeux sur les murs de son palais et sur la place, elle connaîtra la vérité de ce que je lui dis. » L'épouvante du sultan fut si grande quand il eut vu une émotion si vive et si animée que dans le moment même il commanda au bourreau de remettre son sabre dans le fourreau, d'ôter le bandeau des yeux d'Aladdin et de le laisser libre. Il donna ordre aussi aux chiaoux de crier que le sultan lui faisait grâce et que chacun eut à se retirer. Alors, tous ceux qui étaient déjà montés au haut des murs du palais, témoins de ce qui venait de se passer, abandonnèrent leur dessein. Ils descendirent en peu d'instants et, pleins de joie d?avoir sauvé la vie d?un homme qu'ils aimaient véritablement, ils publièrent cette nouvelle à tous ceux qui étaient autour d'eux ; elle passa bientôt à toute la populace qui était dans la place du palais ; et les cris des chiaoux, qui annonçaient la même chose du haut des terrasses où ils étaient montés, achevèrent de la rendre publique. La justice que le sultan venait de rendre à Aladdin en lui faisant grâce désarma la populace, fit cesser le tumulte et, insensiblement, chacun se retira chez soi. Quand Aladdin se vit libre, il leva la tête du côté du balcon ; et comme il eut aperçu le sultan : «Sire, dit-il en élevant sa voix d?une manière touchante, je supplie Votre Majesté d'ajouter une nouvelle grâce à celle qu'elle vient de me faire, c'est de vouloir bien me faire connaître quel est mon crime. ? Quel est ton crime, perfide ! répondit le sultan ; ne le sais-tu pas ? Monte jusqu'ici, continua-t-il, je te le ferai connaître.» Aladdin monta et, quand il se fut présenté : «Suis-moi», lui dit le sultan en marchant devant lui sans le regarder. Il le mena jusqu'au cabinet ouvert et, quand il fut arrivé à la porte: «Entre, lui dit le sultan ; tu dois savoir où était ton palais ; regarde de tous côtés, et dis-moi ce qu'il est devenu.» Aladdin regarde et ne voit rien ; il s'aperçoit bien de tout le terrain que son palais occupait ; mais, comme il ne pouvait deviner comment il avait pu disparaître, cet événement extraordinaire et surprenant le mit dans une confusion et dans un étonnement qui l'empêchèrent de pouvoir répondre un seul mot au sultan. (à suivre...)