Question Qu'est-ce qui pousse un jeune à écrire sur les murs ? Les raisons sont multiples, les motivations également. «Je préfère tagger que me droguer», dira un jeune Algérois. C'est «pour exprimer mes convictions et interdire les choses pas bien au niveau du quartier, on le fait par groupe, en sortant le soir ou le matin de la mosquée. On écrit des choses contre le haram. On cible les cybercafés, les sites qui ne sont pas conformes à la charia, car nos traditions ne le permettent pas», explique un autre jeune de Bab El-Oued. «Je griffonne sans me soucier de l'endroit», répondra un troisième questionné sur les endroits préférés. Quant au moment, «la nuit porte conseil». Et qu?écrit-il ? «Tout ce qui me traverse l'esprit, j'exprime ce qui me gêne. Je critique parfois le pouvoir ou l'équipe du quartier. Parfois, je dessine des symboles nazis. Parfois, un serpent dans une bouteille, en écrivant mort à côté de la bouteille», expliquera un jeune graffiteur. Pour exprimer son besoin d'espace, un autre dira : «Il faut des kilomètres de murs pour exprimer ce que j'ai sur le c?ur.» Un autre explique sa rencontre avec le graffiti. «Au début, c'était un amusement, puis on se laisse prendre au jeu. On écrit ce qui nous préoccupe. J'écris pour voir le lendemain la réaction des gens de mon quartier, entendre leurs commentaires», explique un jeune de la rue Didouche-Mourad. Et d'ajouter : «Le mur représente un espace, une infinité où chacun de nous peut s'exprimer à sa guise.» Questionné sur ce qu'il écrit, un autre jeune dira : «Tout et rien.» Un lycéen estime, pour sa part, que le mur est un ami : «Vous êtes à l'abri du danger. Le mur est différent de l'enseignant. Il ne vous oblige pas à vous soumettre à lui, il vous laisse dire ce que vous voulez.» Un autre «révolté» dira : «Moi contre tous.» «Le mur est une source d'inspiration, dit un jeune, j'écris ce que je pense du voisin, de mes amis et des jeunes du quartier.» «Si les gens ne taguent pas, c'est qu'ils sont malades», estime un autre.