Le mot trabendo appartient à la même famille (maffieuse, serions-nous tentés de dire) que contrebande. Mais il n?est pas emprunté au français mais à l?espagnol, voire à l?italien dont, en tout cas, le mot français dérive. L?étymon, le mot d?origine, est, en effet, contrabenda, littéralement «contre le ban», c?est-à-dire enfreignant un décision, une proclamation officielle. Le contrebandier est bien celui qui, désobéissant à la loi, introduit et vend frauduleusement des produits? Le mot peut bien provenir de l?espagnol et s?être répandu à partir des régions de l?ouest de l?Algérie où les hispanophones étaient nombreux, mais l?origine du mot est bien italienne ! Alors, qu?importent les intermédiaires. Au demeurant, les trabendistes s?approvisionnent indifféremment en Italie ou en Espagne? Quant au mot d?origine, nous l?avons raccourci en lui enlevant le préfixe «contra». Le trabendo, qui étend ses tentacules sur l?économie, a contaminé également la langue? non seulement algérienne, où il a, depuis longtemps, droit de cité, mais aussi française, du moins dans son usage en Algérie. C?est ainsi que la presse francophone l?emploie couramment et il a même fait son entrée dans la presse et les médias arabophones ! Outre le mot trabendo, on a parfois trabendisme, formé par suffixation de «-isme», à l?imitation de socialisme ou capitalisme, comme pour dire que la chose, comme les deux grands systèmes économiques et politiques, forme également un système organisé. Celui qui pratique le trabendo est appelé trabendiste, par adjonction du suffixe «-iste», formateur de noms d?agent, sur le modèle de pompiste, journaliste ou philatéliste?