Structure C?est dans une sorte de vaste et agréable chalet à étages, que sont hospitalisés 50 malades dont 10 de sexe féminin. Loin du tumulte de la ville, en plein paysage campagnard, à quelque 5 km du chef-lieu de wilaya de Blida, le CHU Frantz-Fanon de la ville des Roses, abrite l?unique structure de tout le centre du pays, destinée aux soins et à la désintoxication des toxicomanes. Les malades sont là pour une durée de 21 jours, en moyenne, avant le début de la prise en charge postcure, qui consiste à suivre des patients ayant achevé leur thérapie. Les malades, jeunes pour la plupart, sont deux par chambre. Nous arrivons, en principe, à l'heure de la sieste, bien que certains d'entre ces pensionnaires lui préfèrent un tout autre programme : regarder la télévision, lire un magazine, discuter ou tout simplement se mettre au balcon pour y rêvasser. Ce sont là autant de tranches de vie tragiques, à la croisée des chemins dégustant le bref répit que leur offre le centre et dont ils espèrent sincèrement sortir guéris et mériter une nouvelle vie. Amine n'a que 25 ans, consommateur de cannabis (kif), dès l'âge de? 14 ans. La mine reposée, mais le verbe lent et fébrile il raconte son histoire. De parents divorcés dès sa tendre enfance, il s'est retrouvé à la rue après que sa mère, sans la moindre ressource, l'eut abandonné à son sort ayant elle-même, reniée par tous ses proches, été chassée du domicile conjugal. S'étant très tôt adonné au vol et aux agressions en bande, Amine, fatalement, fume son premier joint à l'âge de 14 ans, pour en consommer quotidiennement depuis, y associant souvent toutes sortes d'autres produits, tels que «diluant», psychotropes, alcool? A 21 ans, un oncle pour lequel il n'aura pas assez de mots de gratitude, décide de le prendre en charge. Il lui doit entre autres, d'avoir été orienté vers ce centre. Les larmes aux yeux, il se désole tout de même d'avoir, par deux fois, «trahi la confiance» de son bienfaiteur, puisque c'est sa troisième admission, après avoir rechuté par deux fois. «Cette fois, c'est la bonne, se promet-il, sinon il me laissera tomber et rien ne vaut une famille?!» confie-t-il sur un ton qui semble vouloir en dire long.