Affaire Bachir Frik, traduit en justice, se défend et parle de complot ourdi orchestré par un ancien général, un commissaire et un cadre des Douanes. «Madame la présidente, je suis victime d?une machination, d?un complot ourdi», Bachir Frik, ex-wali d?Oran de 1994 à 1997, a choisi cette phrase en guise de prologue pour mener sa défense hier devant la cour d?Alger, avec ses deux avocats, Maîtres Arezki Aït Larbi et Miloud Brahimi après 39 mois passés derrière les barreaux pour une histoire de «dilapidation du foncier». Le «complot ourdi», selon l?ex-wali parti à la retraite en 1997, a commencé en 2001. Cette année-là, l?ancien directeur de l?action sociale de la wilaya d?Oran, Kada Hezile, a constitué un dossier qu?il a remis au président de la République et au chef d?état-major. M. Frik expliquera que dans ce rapport, sont cités nommément «Mustapha Kouadri, l?ancien wali d?Oran, Mokhtar Mokrani, ancien chef de sûreté de wilaya, l?ancien chef de la 2e Région militaire, le général-major Kamel Abderahim, et un haut responsable de la douane». Motif : affaire de drogue. «Il leur fallait trouver un bouc émissaire et ils m?ont trouvé en fabriquant à mon encontre une affaire de foncier», a-t-il tenu à préciser. «Cette campagne, menée contre moi, visait surtout à détourner l?opinion du scandale de la drogue découverte sur un bateau. Elle a été relayée par quelques journaux régionaux coupables d?avoir donné de l?ampleur à cette histoire», a ajouté M. Frik, accusé, selon les chefs d?inculpation, d?avoir détourné un terrain appartenant au ministère des P et T, d?avoir aussi usé de son pouvoir pour permettre à sa femme d?acheter un lot de terrain et un local commercial de 82 m2 à Oran et d?avoir aidé son gendre à acquérir un autre local commercial. «C?est la première fois qu?un wali est jeté en prison pour avoir acheté un logement», s?est-il défendu avant de s?interroger : «Comment se fait-il que Bendrissi, qui m?a succédé à la wilaya, n?a pas trouvé d?anomalies concernant le foncier pendant deux ans et comment Kouadri, l?actuel wali, n?en a pas non plus trouvé la première année de son mandat.» Au tribunal, les incidents, il y en a eu. Entre les avocats de la défense et ceux de la partie civile notamment. Exaspéré par la tournure des questions du mandataire des P et T, Me Brahim dira : «Il ne m?est jamais arrivé de confondre ma robe avec celle du procureur général en représentant la partie civile.» Ce dernier rétorque sans ambages : «Toutes les robes ont les mêmes couleurs.» De l?humour, il y en avait aussi dans une ambiance électrique. Lorsque le procureur de la République demande à l?accusé s?il répond pénalement de ses actes de «dilapidation des biens de l?Etat», ce dernier oppose un niet catégorique. A ce moment, la présidente de la cour assène : «Dans ces conditions, j?aimerais bien être wali !» Pour sa part, Miloud Brahimi, pour essayer de dissuader le procureur qui ne cessait de revenir sur l?histoire d?affectation du terrain des P et T, s?est, pour sa part, demandé «s?il ne faut pas poursuivre les P et T pour mauvaise gestion, car l?arrêté d?affectation date de 1979 alors que celui signé par le wali est intervenu en 1994, soit? quinze ans plus tard». Le procès se poursuivra, faut-il le rappeler, aujourd?hui alors que le verdict est en principe attendu demain.