Vérité Il y a eu trop de références et de dates événements où le Romain a été anobli et le Numide méprisé. Paru aux éditions Apic, Massinissa et Sophonisbe, une tragédie écrite par Abdelaziz Ferrah, nous fait remonter le temps, plusieurs siècles avant J.-C., dans l?antiquité. L?histoire se déroule en Afrique du Nord (le lieu de l?action est Cirta-Veneria, l?ancienne Civita Veneria ? Le Kef en Tunisie actuelle) et raconte le drame au cours duquel Sophonisbe trouve la mort. La belle Sophonisbe, fille de Hasdrubal, général carthaginois, fut mariée au vieux, mais puissant roi Syphax alors qu?elle était fiancée à Massinissa, roi numide. L?on est en pleine guerre punique, un conflit incessant oppose Carthage à Rome, et la pièce s?ouvre sur le drame de Sophonisbe, qui eut lieu au cours du mois de juin de l?an 203. Le livre est intéressant dans la mesure où l?auteur porte un éclairage nouveau sur cette partie de l?histoire ignorée par les Algériens ou bien connue seulement sous le prisme de l?Histoire écrite par l?Occident. Au XVIIIe siècle, quelques pièces ont été écrites à propos de Sophonisbe, ce personnage légendaire, par Mairet et Corneille. Toutefois, les auteurs ont mis en exergue seulement les vertus de Rome à travers le personnage de Scipion, vertus qui, bien souvent, étaient loin de la réalité. Outre pareille fabulation, le reste des personnages, notamment Berbères, comme Massinissa, étaient montrés dans une représentation à un degré moindre. Les Carthaginois, eux, n?intervenaient, malgré leur rôle décisif dans les événements auxquels se rapporte l?intrigue, que pour servir le personnage central : Scipion. Une pareille représentation des événements portait un réel ? et grave ? préjudice à l?Histoire. C?est pourquoi, il s?avère utile, selon l?auteur Abdelaziz Ferrah, de revisiter l?Histoire et de la rapporter sans excès et avec objectivité. Dans le présent ouvrage, l?auteur apporte les nécessaires correctifs ; il rend justice et réhabilite tous ceux des acteurs qui ont participé aux événements, mais dont la valeur réelle était diminuée, les réduisant tout simplement au rang de simples marionnettes sans dignité. Dans cet ouvrage, l?auteur nous présente également un résumé historique qui tient compte des textes d?Appien, de Polybe et plus particulièrement encore de Tite-Live. Il demeure entendu que les excès sont rejetés lorsqu?il s?agit, à un moment donné, manifestement, d?anoblir le Romain en méprisant le Numide. Pour finir, l?auteur dira : «S?agissant de l?Histoire de l?Humanité entière, la vérité ne doit, en aucun cas, être ni dévoyée ni trahie.»