Fatalité «Nous sommes habitués à l'insécurité», déclare un voyageur résigné au sort que lui réserve quotidiennement la Sntf. «C'est l'aventure. J'assiste chaque jour à des agressions. Des énergumènes s?en prennent à des voyageurs sans défense», déplore Mustapha, employé dans une banque. Mustapha prend chaque jour le dernier train d?Alger vers Reghaïa. «Avec le temps, je connais tous les habitués du train qui sont pratiquement les mêmes», mais «ça se dégrade de plus en plus», déplore-t-il. Amina, standardiste, qui termine son travail vers 17 h30, nous déclare : «Je suis obligée d'attendre le dernier train de 18h 30 et croyez-moi, j?attends la peur au ventre.» Amina, qui affirme avoir été plusieurs fois témoin d?agressions, explique : «A la gare pas de problèmes, car il y a un poste de police. Mais à l'intérieur du train, c'est l'aventure. J'ai assisté à des scènes violentes : des jeunes se battent, parfois, à l?arme blanche et personne n'ose s?interposer.» «L'insécurité fait partie de notre quotidien», insiste la jeune femme qui déplore «l'absence de véritables agents de sécurité dans les trains». «Certes, on voit des jeunes vêtus de combinaison noir et bleu, circulant dans le train. Mais, ils ne sont jamais là lorsqu'on a besoin d'eux.» «La dernière fois, un groupe de jeunes a agressé un jeune devant tout le monde et personne n'est intervenu», témoigne Hakim. Pour Brahim «l'union fait la force et on peut, tous ensemble, changer les choses et renverser la tendance». La ligne Alger- Blida semble être, de l?avis de certains voyageurs, particulièrement risquée : «A partir d'El-Harrach, des groupes de jeunes, parfois une dizaine, montent dans le train et s?en prennent à tout le monde». L'insécurité n'est pas seulement dans les trains, des gares entières sont livrées aux voleurs et autres voyous qui ont fait de ces endroits leur repère : «Boudouaou, Tidjelabine, Corso sont pratiquement à l'abandon», fera remarquer un cheminot. «Les gens ont peur», constate-t-il, précisant : «Les voyageurs évitent de descendre dans ces gares.» «Je ne descends jamais à la gare de Boudouaou, pourtant c?est là que j'habite», confirme un voyageur. «Je préfère aller par train jusqu'à Reghaïa, car c'est moins cher, et de là, je continue vers Boudouaou par bus. Dans ces gares, c'est le Far West». «Le voyageur est livré à lui-même. Il n'a aucune protection.»