Dans cette vieille cité de Kouba, dont l?histoire est étroitement liée à celle de la Guerre de libération, les problèmes sont nombreux : promiscuité, chômage, mal vie? mais tout cela sur fond de liens forts et indéfectibles dont seuls ouled El-Bahia connaissent le sens. Dans une rue saturée de voitures, des enfants jouent la filature sans se soucier des images désolantes qui agressent le quartier. Des images et des odeurs insupportables. Mais El-Bahia ne s?en offusque pas. Les gens vont à l?école, au travail, à la mosquée, s?échangent les petits et insignifiants détails de la vie, comme partout ailleurs. A El-Bahia, la vie se consume tous les jours, mais ses enfants disent avoir du courage à survivre sans vouloir posséder «ce qui n?est pas à eux». On survit sans plus, car quand on vit entassés à dix dans un F3, le désir de voir la vie en rose ne se fait pas sentir. Mais la «fierté» de ne rien demander aux autres ne s?en dessine pas moins sur tous les visages. Une petite fille, trop rondelette pour son âge, nous lance ce regard étrange des enfants qui demandent «pourquoi ?». Comme elle, d?autres filles et garçons vivent, se chamaillent et apprennent à vivre sans savoir qu?ils doivent passer des années comme leurs aînés qui, pour vivre, doivent tout partager même le balcon et évidemment la passion d?être supporter inconditionnel du RCK, un club qui se démène, comme il peut, dans les profondeurs après des années passées aux strapontins de la gloire.