Bercail Le général et ex-Premier ministre chrétien, qui a livré les dernières batailles de la guerre du Liban, met fin ce samedi à quinze ans d'exil en France. A la veille de ce retour, deux personnes ont été tuées et seize autres blessées dans un attentat à l'explosif qui a visé, hier soir, la ville de Jounieh, à une vingtaine de kilomètres au nord de Beyrouth. Cet attentat fait craindre une escalade de la violence après ce retour annoncé de celui qui avait livré les dernières batailles de la guerre du Liban. Juste après l'attentat, le général a déclaré à la chaîne privée libanaise LBCI, qu'il «n'allait rien changer à son programme» et que cet attentat avait pour objectif de «terroriser les Libanais». Dans une autre déclaration à Radio France International (RFI), M. Aoun a estimé qu'«il faut qu'il y ait une certaine émancipation des mentalités» au Liban. «Il faut sortir du carcan des traditions qui ont affecté la vie politique.» Le général s'est récemment déclaré prêt à jouer un rôle politique important dans son pays, voire à assumer la présidence de la République si un «consensus national» se dégage. Dès son arrivée cet après-midi, le général Aoun se rendra sur la tombe du soldat inconnu, symbole des souffrances passées pendant quinze ans de guerre civile et de la nécessaire réconciliation entre Libanais. Immédiatement après, il déposera une gerbe de fleurs sur la tombe de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. Michel Aoun ira ensuite à la rencontre des Libanais auxquels il s'adressera, place des Martyrs, rebaptisée place de la Liberté. Beaucoup de jeunes libanais de la diaspora sont déjà rentrés des Etats-Unis, de France et d'ailleurs pour être présents aujourd'hui sur cette place, selon l'entourage du général. Sur la question du désarmement du mouvement Hezbollah, Michel Aoun a estimé, dans une interview accordée au quotidien espagnol El Mundo, que «le désarmement du Hezbollah ne peut pas se faire par la force, mais seulement par le dialogue et par la promotion d'une nouvelle politique nationale dans laquelle ce mouvement sera intégré». «Il faut l'intégrer dans la société et la politique libanaises. Il doit demeurer dans le contexte libanais. C'est notre point de vue et il faut l'appliquer avec doigté parce que personne ne veut que le Liban tombe de nouveau dans le précipice», a-t-il ajouté. A trois semaines des législatives, le Parlement libanais se réunit aujourd'hui pour trouver un compromis à une loi électorale acceptée par toutes les communautés, alors que le Premier ministre Nagib Miqati se trouve à New York où il s'entretient avec le chef de l'ONU, Kofi Annan.