La mort, lmut, voilà un mot qui fait peur, qui épouvante même. Et ceux qui disent «Ma nkhaf-ch lmut» (je n?ai pas peur de la mort) huma li-ykhafuha (ce sont ceux qui la redoutent le plus. «Ulach win ur nett?agad lmut» (il n?y a personne qui puisse se vanter de ne pas craindre la mort !), dit l?adage kabyle. Et on ajoute souvent : «Personne, jamais personne n?a échappé à la mort» ! Depuis que le monde est monde, en effet, les hommes naissent, vivent et meurent. Les animaux, les plantes, jusqu?aux montagnes qui paraissent éternelles tant elles sont solidement ancrées et massives, meurent. Une légende rapporte qu?un homme craignant la mort a vainement cherché un refuge pour lui échapper. Il pense d?abord à sa maison, mais la mort vient vers lui et il lui échappe de justesse ; il pense alors à ses champs, mais la mort parvient jusqu?à lui. Il lui échappe encore. La mort le poursuit partout, dans les montagnes, dans les grottes, dans les forêts et, à chaque fois, elle est sur le point de le prendre. C?est alors qu?il trouve une carcasse de bête ; il s?introduit dans son ventre et s?y cache. C?est alors que la mort l?y rejoint et, sans qu?il puisse rien faire, s?empare de lui. Une légende kabyle attribue la mort à une femme qui avait un beau-fils ; elle le détestait et souhaitait qu?il disparaisse. Voilà que le jeune homme meurt. Un ange se présente à la femme et lui demande : «Mort définitive ou mort temporaire ?» La femme s?écrie alors : «Mort définitive !» Quelque temps après, elle perd son fils et implore l?ange qu?il le fasse revivre. «Tu as choisi la mort définitive, ce sera aussi pour ton fils, pour tous les êtres humains, la mort définitive !»