Révolte La situation restait très chaotique, ce matin, dans les différentes parties d'Andijan, ville de l'est de l'Ouzbékistan, où de violents combats ont repris, entre des insurgés et l'armée. Un médecin fait état de plus de 50 morts et de près de 100 blessés, alors que 20 à 30 cadavres de civils gisaient, toujours, non loin du siège de l'administration de la ville. De longues rafales ont retenti dès l'aube notamment dans la vallée de la Ferghana, la quatrième du pays avec plus de 300 000 habitants. Des soldats ouzbeks tiraient des rafales d'armes automatiques et des obus étaient lancés depuis des véhicules blindés. Un bilan officiel très en deçà de celui donné par certaines agences de presse internationales. Au moins une trentaine ont été signalés près d'un cinéma et six autres gisaient devant le siège de l'administration régionale, lieu central et symbolique de l'insurrection, occupé vendredi par les insurgés, et qui était vide ce matin. La plupart étaient des hommes et des adolescents, et nombre d'entre eux, selon des témoins, ont été abattus, hier, par des soldats alors qu'ils revenaient de la manifestation de soutien aux émeutiers sur la place de l'administration. Parallèlement, la traque des insurgés se poursuit, toujours, dans d'autres parties de la ville, la colère des habitants, qui ont soutenu en nombre l'insurrection en réclamant de meilleures conditions économiques et fustigeant l'autoritarisme du président Islam Karimov, continuait d'éclater sur la place centrale. Les insurgés, qui étaient entre 60 et 100 au départ, avaient, rappelons-le, pris d'assaut, dans la nuit de jeudi à vendredi, une garnison et une prison de haute sécurité avant de s'emparer du siège de l'administration centrale, et de recevoir le soutien de milliers de personnes. L'insurrection a été notamment déclenchée pour protester contre le procès en cours de 23 personnes accusées de propager des idées islamistes radicales, et pour les faire libérer. Seules les télévisions officielles, très contrôlées, ont pu donner leur version des événements. Les retransmissions des chaînes étrangères ont été toutes bloquées vendredi. Les insurgés ont demandé la médiation de la Russie. Mais le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a souligné qu'il s'agissait d'une «affaire intérieure ouzbèke». Et Moscou a ajouté qu'elle «condamnait les extrémistes» et soutenait M. Karimov. - L'Ouzbékistan est une ancienne république soviétique d'Asie centrale où des tendances islamistes sont très présentes. C'est l'une des plus graves crises auxquelles ait eu à faire face le président ouzbek, qui depuis 1991, dirige ce pays, riche en gaz et où se trouve une base militaire américaine.