Comme dans les autres langues, dans les langues algériennes, le voyage est synonyme de rêve et d?aventure : c?est sans doute un souvenir des époques anciennes où l?on voyageait principalement à pied ou à dos d?animal. Quand on disait : «Rani msafer» (je vais voyager), on mettait toujours de la passion dans la phrase, de la crainte aussi. On se rappelle, à ce propos, le hadith du Prophète : «Assafar, djuz? min al ?âdab» (le voyage est une portion de châtiment). Le châtiment dont il est question est formé par les peines et les privations que l?on endure au cours du déplacement ainsi que par le danger d?être attaqué par les brigands de grands chemins. L?appréhension reste encore quand on connaît les dangers de la route, mais aujourd?hui, il faut le reconnaître, les voyages sont plutôt aisés grâce à l?existence de moyens de transport rapides et surtout plus confortables. En arabe dialectal, le nom du voyageur est musafer, terme qui vient de la langue classique et que l?on retrouve aussi dans la plupart des dialectes berbères. En kabyle, on dispose aussi d?un terme propre, iminig, du verbe inig, qui signifie «se déplacer, voyager». Aujourd?hui, iminig a aussi le sens d?émigrer. Mais l?émigration, c?est un autre type de voyage, c?est aussi une autre aventure qu?il convient d?évoquer à part. Outre les termes cités plus haut, les langues algériennes emploient aussi, pour désigner le voyage, un emprunt au français, vwayaj, avec le verbe qui va avec : vwayaji : «Rani rayah? nevwayaji» (je vais voyager), «nvwayaji b tran, b t?iyara» (je voyage par train, par avion), etc.