Résumé de la 37e partie Le sultan s?approcha du lit de la princesse pour lui dire bonjour. Mais en la regardant, il est extrêmement surpris de la voir mélancolique. Alors il demanda à son épouse d?en savoir plus. La princesse Badroulboudour rompit enfin le silence par un grand soupir. «Ah ! Madame et très honorée mère, s'écria-t-elle, pardonnez-moi si j'ai manqué au respect que je vous dois. J'ai l'esprit si fortement occupé des choses extraordinaires qui me sont arrivées cette nuit que je ne suis pas encore bien revenue de mon étonnement ni de mes frayeurs, et que j'ai même de la peine à me reconnaître moi-même.» Alors, elle lui raconta avec les couleurs les plus vives de quelle manière, un instant après qu'elle et son époux furent couchés, le lit avait été enlevé et transporté en un moment dans une chambre malpropre et obscure, où elle s'était vue seule et séparée de son époux, sans savoir ce qu'il était devenu, et où elle avait vu un jeune homme, lequel, après lui avoir dit quelques paroles que la frayeur l'avait empêchée d'entendre, s'était couché avec elle à la place de son époux, après avoir mis son sabre entre elle et lui, et que le matin son époux lui avait été rendu et le lit rapporté en sa place en aussi peu de temps. «Tout cela ne venait que d'être fait, ajouta-t-elle, quand le sultan mon père est entré dans ma chambre ; j'étais si accablée de tristesse que je n'ai pas eu la force de lui répondre une seule parole : aussi je ne doute pas qu'il ne soit indigné de la manière dont j'ai reçu l'honneur qu'il m'a fait ; mais j'espère qu'il me pardonnera quand il saura ma triste aventure et l'état pitoyable où je me trouve encore en ce moment.» La sultane écouta fort tranquillement tout ce que la princesse voulut bien lui raconter ; mais elle ne voulut pas y ajouter foi. «Ma fille, lui dit-elle, vous avez bien fait de ne point parler de cela au sultan votre père. Gardez-vous bien d'en rien dire à personne : on vous prendrait pour une folle, si on vous entendait parler de la sorte. ? Madame, reprit la princesse, Je puis vous assurer que je vous parIe de bon sens ; vous pourrez vous en informer à mon époux, il vous dira la même chose. ? Je m'en informerai, repartit la sultane ; mais, quand il m'en parIerait comme vous, je n'en serais pas plus persuadée que je le suis. Levez-vous cependant, et ôtez-vous cette imagination de l'esprit; il ferait beau voir que vous troublassiez par une pareille vision les fêtes ordonnées pour vos noces, et qui doivent se continuer plusieurs jours dans ce palais et dans tout le royaume ! N'entendez-vous pas déjà les fanfares et les concerts de trompettes, de timbales et de tambours ? Tout cela vous doit inspirer la joie et le plaisir, et vous faire oublier toutes les fantaisies dont vous venez de me parler.» En même temps, la sultane appela les femmes de la princesse ; et, après qu'elle l'eut fait lever et qu'elle l?eut vue se mettre à sa toilette, elle alla à l'appartement du sultan ; elle lui dit que quelque fantaisie avait passé véritablement par la tête de sa fille, mais que ce n'était rien. Elle fit appeler le fils du vizir, pour savoir de lui quelque chose de ce que la princesse lui avait dit ; mais le fils du vizir, qui s'estimait infiniment honoré de l'alliance du sultan, avait pris le parti de dissimuler. «Mon gendre, lui dit la sultane, dites-moi, êtes-vous dans le même entêtement que votre épouse ? ? Madame, reprit le fils du vizir, oserais-je vous demander à quel sujet vous me faites cette demande ? ? Cela suffit, repartit la sultane ; je n'en veux pas savoir davantage : vous êtes plus sage qu'elle.» (à suivre...)