Edition Mme Yahiaoui-Mérabet Messaouda, universitaire, vient de signer un livre retraçant l?histoire des sociétés musulmane, algérienne, juive et chrétienne française, communautés vivant en terre d'Algérie. Le livre, richement documenté et formulé en deux tomes, a pour titre Société musulmane et communautés européennes en Algérie du XXe siècle (réalités, idéologies, mythes et stéréotypes), est paru aux éditions Houma. L'auteur a voulu faire revivre l'histoire des communautés grâce à un travail de recherche inhérent aux différents aspects socio-économique, politique et culturel, et en se basant également sur des documents comme les archives, interviews ou encore récits littéraires (romans coloniaux). «Cette méthode d'investigation adoptée aide à mieux faire revivre l'histoire des communautés, ici, en évolution, la communauté juive et la communauté chrétienne française, l'histoire surtout de la société musulmane algérienne en profond bouleversement de 1900 à 1960», indique l'écrivain. A travers son travail, l'auteur décortique les réalités sociales, mais aussi les divers mythes, idéologies et stéréotypes. «C'est l'histoire des peuples, des idées et des mentalités, en somme l'histoire existentielle des communautés qui nous préoccupe ici», ajoute-t-elle, estimant que cette histoire écrite par une brochette d'écrivains permet «d'évaluer l'écart entre la socialité réelle et ce qu'il y a dans la littérature coloniale de l'époque». Dans ce contexte, elle met en évidence l'existence, sur le sol algérien, au début du XXe siècle, de deux groupes sociaux hétéroclites, mais juxtaposés qui restent séparés par leurs origines, leur passé, leur culture et leurs croyances, à savoir la société autochtone algérienne musulmane et la communauté chrétienne européenne du nord du Bassin méditerranéen, constituée d'immigrants en Algérie et qui sont issus du sud de l'Espagne, d'Italie, de Malte et de France. Mme Yahiaoui-Mérabet donne, par ailleurs, un aperçu des lectures superposées des ?uvres de romanciers musulmans, juifs et chrétiens, et soulève, à ce titre, la problématique de «choc de cultures» et/ou de «civilisations» estimant, en conclusion, que «le système inique colonial, qui a tenté, en vain, de fabriquer une unité culturelle à des populations diverses chrétiennes devenues françaises en Algérie et d'acculturer une société millénaire algérienne en la privant de sa langue et de ses guides spirituels du moins jusqu'à la nahda de 1920», n'a pu réaliser ses desseins grâce à cette union intrinsèque du peuple algérien autour de «Allah Akbar», l'islam, qu'elle considère comme étant «le fil conducteur de cette recherche».