Paradoxe Quand le ministère de la Santé tire la sonnette d?alarme pour les 20 000 cas de tuberculose enregistrés annuellement en Algérie dont 9 000 contagieux, d?autres estiment que la situation n?est pas aussi dramatique. Lors d?une journée de formation continue sur la tuberculose organisée à la fin de la semaine dernière au niveau de la wilaya d?Alger, réunissant des responsables médicaux et praticiens, l?ambiance était à la confiance. Pour le membre du comité médical national de lutte contre la tuberculose, le Pr Chaulet, «les chiffres ont certes augmenté, mais il s?agit plus de l?effet de la progression démographique que d?une régression, en matière de lutte contre cette maladie.» Alger, qui connaît le taux le plus élevé, paye, selon lui, seulement son tribut de métropole méditerranéenne comme c?est le cas pour d?autres capitales du pourtour du Bassin méditerranéen. Ainsi, au lieu de reprise, notre interlocuteur préfère parler de stabilisation persistante. Il n?empêche que la capitale a vu le taux grimper sensiblement, notamment au courant de l?année 2000. Cette année-là, le taux était de 86,2 cas de tuberculose sur 100 000 habitants. Aujourd?hui, selon la représentante de la direction de la santé publique au niveau de la wilaya d?Alger, Mme Agadir, ce taux est de 2 279 cas de tuberculose recensés durant l?année 2004, soit 79,39 cas sur 100 000 habitants. Elle citera, à cet effet, l?hôpital Parnet qui a déclaré, au cours de cette même année, 14 cas exclusivement de sexe féminin. «Ce qui n?est pas énorme comparé à ce qu?a connu le restant du continent africain», dira M. Chaulet. Il citera à cet effet, l?exemple de l?Afrique du Sud ou l?on enregistre 500 cas pour 100 000 habitants dont la moitié est contagieuse. En Algérie, ils sont 64 pour 100 000 habitants dont 26 contagieux, ce qui n?est pas loin d?égaler le taux dominant en Europe, 21 cas pour 10 cas contagieux. Un résultat dû aux efforts consentis par les pouvoirs publics, indique M. Chaulet. Le nombre d?unités de lutte contre la tuberculose et autres maladies respiratoires est passé de 8 à 16 unités au niveau de la wilaya d?Alger. Cela a permis une meilleure prise en charge du malade, même si notre interlocuteur affirme que certaines inégalités subsistent toujours. L?autre point noir demeure la collecte d?informations concernant cette maladie. Le directeur de la prévention du MSPRH, Ali Halassa, abordera ce point lors de son allocution. En dressant le bilan pour la wilaya d?Alger, il indiquera que cinq centres médicaux n?avaient pas encore envoyé leurs chiffres, «ce qui nous pousse à revoir les chiffres indiqués lors de cette présentation à la hausse». dira-t-il. Un problème de taille qui fausse la donne en matière de lutte. Perdues dans la nature Il s?agit de 33 personnes atteintes de tuberculose dont on ne sait ce qu?elles sont devenues. Décédées ou toujours en vie, nul ne peut s?avancer sur leur sort. Avec un territoire de plus de 2 millions de kilomètres carrés, seule une mission spécifique peut percer ce mystère qui risque de nous coûter cher, au cas où ces personnes atteintes ne seraient pas prises en charge.