Calvaire «Nous dormons près des toilettes. Nous sommes inondés, chaque hiver, par l?eau de pluie et les eaux usées. Nous dormons sur des regards d?égout.» Bahia, couturière, n?oublie pas de préciser : «Ces bâtisses sont très humides. Dans la plupart des cas, elles n?ont pas de fenêtres. Elles sont insalubres. Nous dormons près des toilettes. Nous avons essayé de les déplacer, mais c?est impossible, car si on tente de les toucher, la bâtisse s?effondre. Sous la pièce qui fait office de chambre d?enfants, se trouvent les évacuations d?égouts de nos voisins du dessus et d?à côté. De plus, il faut savoir que chaque hiver, nous sommes inondés de partout, eau de pluie et eaux usées. Les regards bouchés débordent. Nous les avons cimentés, mais les eaux remontent quand même. Nous souffrons de nombreuses maladies. Certains ne tombent plus malades, car ils sont immunisés. Nous vivons depuis 1966 dans cette situation, nous avons fini par nous y adapter.» Bahia vit avec neuf autres membres de sa famille dans une seule pièce aménagée en deux pièces et le patio transformé en cuisine. Les toilettes font office de salle de bains, «si on peut appeler la pomme de douche suspendue aux toilettes turques : salle de bains.» Bahia a parlé de son père décédé, l?année dernière, à la suite d?une crise d?asthme. Elle raconte avec émotion les souffrances qu?il a endurées depuis qu?il a habité ces lieux. «Mon père est né en 1932. Il n?était pas si vieux. Sa maladie s?est déclarée ici. Il y a habité en 1966. Ses crises se sont accentuées au fil du temps. Elles sont devenues de plus en plus sévères. D?ailleurs, nous nous inquiétons pour mon jeune frère de 15 ans, car il souffre d?allergie et nous avons peur qu?elle n?évolue. Il risque un asthme.» Notre interlocutrice souligne que vu l?exiguïté des lieux, frères et s?urs qui doivent dormir dans des chambres séparées partagent pour les filles la chambre de leur mère et pour les garçons celle du père. De ce fait, les parents sont obligés de faire chambre à part. En outre, le risque de maladies infectieuses est imminent. «J?ignore comment nous, avons pu échapper ?» Bahia parle de leur marasme avec amertume. Elle n?arrive pas à accepter l?idée que son père soit décédé à cause de leurs conditions de vie. Le v?u de Bahia est de déménager le plus tôt possible.