La plupart des métiers modernes empruntent leurs dénominations au français. Il est vrai que la plupart de ces métiers sont apparus durant la période coloniale ? chauffeur, concierge, «taxieur» ? mais ce n?est pas le cas de tous les métiers. En fait, des métiers dits modernes ont déjà existé, mais ont seulement subi, sous l?influence des changements techniques, une évolution. C?est le cas du pharmacien, dont le métier, dans les pays arabo-musulmans, était connu depuis le Moyen Age sous le nom de s?aydali. La saydala (pharmacie) était même cataloguée comme l?une des sciences médicales que l?on enseignait dans les écoles. Le mot a été réintroduit à l?école, mais la rue, elle, préfère employer farmasyan. L?emprunt n?a pas de raison d?être, ici, mais il faut supposer que lorsque les emprunts sont nombreux dans une langue, ils finissent par contaminer même les secteurs où ils ne sont pas nécessaires. Autrement, comment expliquer tayur (tailleur) en doublet avec khayat? ou encore jardinyi concurrençant bustani ? L?emprunt est important dans les domaines techniques : mikanisyan (mécanicien), turner (tourneur), iliktrisyan (électricien), jenyur (ingénieur), tiknisyan (technicien) pilot (pilote), etc. Certains emprunts, même s?ils ne sont pas du tout adaptés à la phonétique des dialectes arabes et berbères, sont quand même faits. C?est le cas, par exemple, de informatisyan (informaticien). De nombreux métiers modernes n?ont pas encore reçu de dénomination parce qu?ils ne sont pas encore devenus populaires. Seul l?avenir nous dira comment il seront appelés?