Horreur Le magazine américain Time vient de dévoiler un autre scandale de sévices infligés aux prisonniers du centre de détention du Guantanamo par les militaires américains. Alors que des parlementaires américains appellent à la fermeture de ce centre, des ordres mortifiants, prônant l'humiliation, sont adressés aux détenus de ce centre comme l'atteste ce magazine. «Ils lui disent d'aboyer comme un chien et de grogner devant des photos de terroristes.» Un carnet de bord, tenu par les militaires américains et obtenu par l'hebdomadaire, détaille des humiliations à répétition : interrogatoires à proximité de chiens, interventions de femmes aguicheuses, obligation d'uriner dans son pantalon. Ce carnet de 84 pages concerne Mohammed el-Qahtani, un Saoudien considéré par les Américains comme le possible «20e» pirate de l'air des attentats du 11 septembre 2001, qui avait été expulsé de Floride en août 2001. Le journal de bord couvre 50 jours d'interrogatoires, entre novembre 2002 et début janvier 2003, une période charnière à Guantanamo pendant laquelle le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld avait approuvé des techniques d'interrogatoire plus dures pour certains détenus. Le Saoudien se voit alors infliger des interrogatoires plus longs. Quand il s'assoupit, les soldats lui font couler de l'eau sur la tête ou lui font écouter un disque de la pop star Christina Aguilera, selon Time. Ils l'obligent à se tenir debout pour écouter l'hymne national américain. Sa tête et sa barbe sont rasées. Il est soumis à la technique «d'invasion d'espace par un élément féminin», une interrogatrice s'allongeant contre lui par terre. Souvent, il est réveillé à quatre heures du matin et interrogé jusqu'à minuit. En décembre, refusant de boire ou de se nourrir régulièrement, il est placé sous perfusion, sous la surveillance d'un médecin. Les interrogatoires cessent pendant 24 heures, mais même pendant ce court répit, il est forcé d'écouter de la musique pour éviter qu'il ne s'endorme. Plus tard, il est dénudé. On lui ordonne d'aboyer. «Ils lui accrochent des photos de femmes légèrement vêtues autour du cou», indique t-on. A bout, Qahtani finit par leur dire qu'«il veut se suicider et leur demande un stylo pour écrire son testament». Le Saoudien finit par reconnaître son appartenance à Al-Qaîda. Il propose aux Américains de leur servir d'agent secret auprès de terroristes, en échange de sa libération. Cinq jours plus tard, les techniques autorisées par Rumsfeld sont supprimées. Qualifiée récemment de «goulag de notre temps» par Amnesty International, la prison de Guantanamo a été ouverte, rappelons-le, en janvier 2002, elle abrite quelque 520 détenus considérés comme taliban ou des membres d'Al-Qaîda. - Alors que la polémique enfle au sein de la classe politique américaine, le vice-président américain, Dick Cheney, a affirmé qu'il n'existait pas de «plan de fermeture» pour le centre de détention à Guantanamo, Cependant, le président George W. Bush avait assuré, mercredi dernier, qu'il examinait «toutes les alternatives» concernant cette prison, sans se prononcer sur son éventuelle fermeture, qui a été, également, exclue par M. Rumsfeld. Dick Cheney a insisté sur «la nécessité d'avoir la capacité d'emprisonner des détenus que nous capturons au cours de notre guerre contre le terrorisme». Et de poursuivre : «Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les personnes qui sont à Guantanamo sont des personnes mauvaises. Ce sont des terroristes pour la plupart. Ils ont été capturés sur les champs de bataille en Afghanistan ou en tant que membres d'Al-Qaîda.» Avant d'ajouter : «Nous avons déjà évalué les détenus et relâché un certain nombre en les renvoyant dans leur pays. Ceux qui restent sont les plus durs.»