L?une des causes du chômage en Algérie est, incontestablement, le fait que des milliers de jeunes reçoivent des formations dans des domaines dont le besoin n?existe nullement dans le marché de l?emploi. Il n?y a d?ailleurs aucune étude des besoins en question. Parmi ces chômeurs, de nombreux jeunes diplômés formés dans les centres de formation et les universités. Parallèlement, des entreprises se plaignent de ne pas trouver toujours la main-d??uvre dont elles ont besoin. C?est pourquoi certaines d?entre elles font appel à des compétences étrangères, surtout dans les domaines techniques. D?où la question : les formations dispensées au niveau des universités et autres centres de formation sont-elles adaptées aux besoins du marché ? Beaucoup répondent à cette interrogation par la négative, tant les diplômés parviennent très rarement à convaincre les entreprises de les recruter. Ces dernières, cherchant de plus en plus une main-d??uvre qualifiée et polyvalente afin de faire face à la concurrence, ne se contentent pas des diplômes qui leur sont présentés. Elles exigent des postulants de prouver un certain savoir-faire pour être recrutés. Sur ce registre, il est utile de noter que l?expérience s?avère souvent déterminante dans l?étude des offres d?emploi par les entreprises dont la démarche obéit à des considérations, somme toute légitimes : pour elles, il est normal de préférer des postulants bien rompus au monde du travail à d?autres dépourvus de toute expérience professionnelle et dont la formation initiale est souvent «peu pertinente». Les recruter est synonyme de «perte de temps et d?argent» pour beaucoup d?entreprises. Pour leur part, les diplômés estiment, à juste titre d?ailleurs, que l?on ne leur donne que très rarement l?occasion de prouver leurs capacités. «Toutes les sociétés ou presque exigent des candidats à l?embauche une expérience. Or pour avoir cette expérience, il faut travailler. C?est un véritable cercle vicieux», fait remarquer Ahmed, licencié en histoire, au chômage depuis sa sortie de l?Université d?Alger. Notre interlocuteur se dit offusqué de voir des personnes «employées par deux ou trois entreprises sous prétexte qu?elles sont expérimentées et connaissent bien leur métier au moment où des jeunes, bardés de diplômes et dont le seul tort est d?être inexpérimentés, ne trouvent même pas un emploi». «Ce que l?on feint d?ignorer, c?est que ces personnes expérimentées étaient un jour inexpérimentées, elles ont saisi la chance qui leur a été donnée pour apprendre leur métier et devenir performantes, une chance dont nous ne bénéficions pas aujourd?hui», déplore-t-il. Conscientes de leur importance, de grandes entreprises nationales telles que Sonatrach, Sonelgaz, Djezzy? consacrent d?importants budgets à la formation. Certaines, ayant des besoins spécifiques en main-d??uvre, ont créé leurs propres centres de formation. C?est le cas notamment de Nedjma. Cet opérateur de téléphonie mobile, qui a fait appel à des compétences étrangères pour son démarrage, a vite pensé à former des cadres locaux pour prendre le relais. Ainsi a-t-il ouvert, au début de l?année, un institut qui servira à la formation de ses personnels dans tous les domaines. Sis à Chéraga, ce centre de formation, appelé à dispenser plus de 80 000 heures de cours par an aux employés de Nedjma, compte 10 salles dotées de systèmes de présentation, dont deux entièrement équipées de matériel informatique permettant d?offrir des formations avancées en informatique et de recourir à le e-learning.