Il pousse les jeunes vers les vaisseaux de la mort. La source de tous les maux de la jeunesse en Algérie, a été diagnostiquée; c'est bel et bien le chômage. Les jeunes gens qui s'embarquent dans les «cercueils flottants» partent à cause de leur situation sociale contraignante. C'est ce qu'ont conclu les participants à la table ronde sous le thème. «Emploi et chômage, quelles alternatives?», organisée hier, au centre de presse d'El Moudjahid. Nul, cependant, n'a pu donner la solution idoine. La solution ne peut exister tant que l'information demeure «insuffisante», font valoir des intervenants. Ce fléau ne cesse de prendre de l'ampleur. En effet, «nos jeunes préfèrent la mort plutôt que de rester dans leur pays parce qu'on ne prend plus soin d'eux. Ils n'ont plus confiance dans le "système" car il est défaillant», a déclaré Nadia Dridi, directrice de l'Association nationale de la protection des femmes. «Maintenant, ils veulent du concret pas de la parlote», a-t-elle ajouté avec fermeté. Le taux de chômage en Algérie ne cesse d'être sujet à polémique. Le ministère du Travail l'a estimé à 11% pour l'année 2007. Selon d'autres sources, notamment politiques, ce taux est estimé beaucoup plus important que les chiffres avancés officiellement. Donc, le système existant n'est plus à la hauteur pour répondre aux attentes des jeunes, selon les différents orateurs qui se sont succédé à la tribune. Tous les ministères ont mis la main à la pâte, mais hélas, sans résultats encourageants pour le moment. La jeunesse est livrée à elle-même. Elle préfère emprunter des chemins plus dangereux comme l'usage de la drogue, le recours à la prostitution, les agressions ou encore choisir la harga et s'embarquer dans les bateaux de la mort. Plusieurs jeunes ont opté, par ailleurs, par vengeance contre le «système», de rejoindre le maquis. Ils deviennent des terroristes. D'autres, hélas, préfèrent le suicide: se donner la mort en raison de l'impuissance à affronter le chômage qui tue à petit feu. Pour des jeunes de plus en plus nombreux, la meilleure solution est de partir quel qu'en soit le prix. Ils optent donc pour l'embarcation sans retour. Les vaisseaux de la mort sont l'ultime chance de vie pour cette catégorie. Les pays qui les accueillent les font travailler comme des forçats s'ils ne sont pas récupérés par la mafia. Et dire que l'Algérie est un pays riche! La jeunesse d'un pays représente aussi cette richesse. L'Algérie préfère-t-elle voir la sienne partir? Il y a un paradoxe qu'il faut forcément abolir! Tous les pays cherchent à préserver leur jeunesse alors que l'Algérie n'arrive toujours pas à trouver la solution «magique» pour intégrer sa jeunesse. Une jeunesse qui préfère courir le risque de la mort. Ils n'ont rien à perdre et celui qui n'a rien ne perd rien. Une situation amère. Un constat pas reluisant. Des jeunes qui se retrouvent au chômage malgré leurs études et formation. En Algérie, les jeunes sont perdus et ne savent plus quoi faire. Dans cette optique, les participants au forum d'El Moudjahid ont reconnu que tous les fléaux de la société sont causés par le chômage. La sexualité tardive, l'échec scolaire, la longue attente pour trouver du travail sont autant de facteurs qui conduisent nos jeunes vers la dérive...des mers. Un constat inquiétant. De son côté, Yacine Mecheti, de l'association Amicale algérienne de solidarité avec la jeunesse (Aasj), a estimé qu'il y a urgence dans ce domaine. «Il est nécessaire d'organiser une rencontre nationale des chômeurs pour élaborer un constat national sur la situation réelle de ce fléau dans notre pays.» «Nous estimons que le nombre de chômeurs est beaucoup plus important que celui avancé dernièrement», a-t-il martelé. Le représentant du ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels, Akli Ahmadi a expliqué, pour sa part, que ni la création d'emplois, ni la lutte contre les fléaux sociaux ne sont inscrits dans les prérogatives de son secteur. Il a souligné que les principales missions de ce département résident dans la formation et le perfectionnement de la main-d'oeuvre qualifiée pour répondre aux besoins du marché local, si marché il y a.