Résumé de la 1re partie L'avion Bastia-Paris se range en bout de piste pour décoller et ramener vers la capitale son contingent de vacanciers heureux et d'insulaires que leurs affaires appellent loin de l'île de Beauté. Son regard cherche au loin avant de croiser celui de ses passagers. Eux aussi ont senti l'hésitation. Ils ouvrent alors leurs sacs de camescope et en sortent de gros revolvers en intimant un ordre précis : ? Décolle ! Ils expliquent qu?ils vont attaquer un avion sur l'aéroport de Bastia-Poretta, et ils précisent qu'ils n'ont plus rien à perdre, mais qu'Emile, lui, au contraire, a tout à perdre s'il ne suit pas leurs instructions à la lettre. Ils évoquent ensuite, en phrases rapides, une vengeance de la mafia si Emile venait à se révolter. Ils savent même qu'il est père de famille et qu'il demeure à Paris. De toute évidence, ce sont de vrais professionnels. Emile, l'Alouette «II» et ses passagers se dirigent vers la vallée du Golo où, en fait de pique-nique, les clients disent devoir se poser. Dans le creux très encaissé du Golo, un passager supplémentaire, cagoulé, armé d'un gros fusil à pompe, attend, un genou à terre. Les clients démontent la porte avant gauche afin de pouvoir pointer le fusil. Emile, qui n'a pas besoin de ça pour être nerveux, se demande vraiment si son appareil va pouvoir décoller avec cette surcharge. Mais l'Alouette «II» emporte tout le monde vers l'aéroport. Le pilote remarque que tous ses clients d'un genre spécial portent des baskets de marque Nike. Il réalise soudain qu'ils ont tous de fausses barbes et même des perruques. En même temps, une sueur froide lui dégouline dans le dos, car il se dit qu'en toute bonne logique, ils n'ont pas le moindre intérêt à laisser derrière eux un témoin. Il pense vivre ses dernières minutes sur terre. Là-bas, le gros Mercure, les flancs bourrés de vacanciers, de valises et de billets de banque, attend l'ordre de décollage. Le commandant et son équipage ont déjà salué les passagers. Dans quelques minutes, nez au vent, on va monter en quelques secondes à trois mille pieds. L'hélicoptère blanc surgit, frôle le Mercure encore au sol. Les clients hurlent en ch?ur, à l'intention d'Emile : ? Passe derrière ! Double-le ! Les nerfs tendus à bloc, il exécute la man?uvre et vient se fixer, telle une libellule, immobile à cinq mètres du sol, juste devant le nez du Mercure. Par l'ouverture de la porte démontée, les malfrats, avec leurs quatre armes, visent pilote et copilote. L'Alouette descend un peu. Deux des hommes sautent à terre, se précipitent vers la porte de la soute à bagages ; en man?uvrent le loquet, ouvrent la soute, récupèrent le sac en toile beige qui contient les fonds, courent vers l'hélicoptère. L'Alouette s'envole. A l'autre bout de la piste, loin, très loin, derrière les trackers de la sécurité civile qui font barrage, tous les membres des services de sécurité au grand complet sont dans l'impossibilité physique d'intervenir. Les trois convoyeurs de Sécuripost, qui viennent de confier leur précieux dépôt et sont prêts à le récupérer en cas d'incident mécanique de l'avion, les hommes de la gendarmerie de l'air, ceux de la police des frontières, quinze personnes compétentes et armées jusqu'aux dents ne voient même pas ce qui se passe. De toute manière, à cette distance, ils n'auraient pas eu le temps d'arriver jusqu'à l'hélicoptère. Emile man?uvre en vrai professionnel. Il fait exactement ce qu'on lui dit, en se demandant si son dernier jour est arrivé. Pas facile de piloter quand on a un revolver enfoncé dans le cou et qu'on vous contraint à rester le front collé au manche à balai. On l'oblige à se poser trente kilomètres plus loin, dans un champ. Va-t-on l'exécuter ? Les hommes, avares de paroles, qui se contentent de manifester leur satisfaction en se donnant de temps en temps une bourrade dans le dos, l'attachent au montant d'un sabot de l'Alouette. Un peu plus loin, une Clio rouge les attend. Ils filent, sans doute vers une crique où un bateau, parmi les centaines qui sillonnent les côtes de Corse en cette saison, les attend pour les emmener vers un endroit plus hospitalier. Très rapidement, Emile, enfin seul, se détache, contacte sa base par radio, rejoint sa base. Malgré les barrages, on est sans nouvelles des malfaiteurs. L'enquête commence, afin de savoir qui a si bien renseigné les truands, qui a laissé la porte de la soute à bagages ouverte. La veille de cette prise si bien organisée, sept autres hold-up ont réussi dans l'île de Beauté : un à bord d'un ferry de la Sncm, un dans une gare de la Sncf, un dans un bureau de tabac, un autre chez une commerçante d'Ajaccio, tandis que deux motards attaquaient un autobus. En même temps, une banque a été dévalisée avec prise d'otages. Le soir, un bureau de poste est délesté. Ceux qui sont partis avec le sac beige du Bastia-Paris n'ont pas perdu leur temps. Pour leurs 4 500 francs d'investissement, ils ont emporté 700 millions de centimes...