Déclaration Selon, Fatma-Zohra, enseignante d?économie à la faculté d?Alger, la classe moyenne n?existe presque plus depuis de nombreuses années. Pour elle, en l?espace de 20 ans, le pays a été secoué par de nombreux événements. Durant les années 1980, l?Algérie s?ouvre au libéralisme. La chute des prix du pétrole, suivie de celle du cours du dollar, engendre une crise économique profonde. «L?Etat entre dans le cycle infernal de la dette, avant de se retrouver en cessation de paiement. C?est vrai qu?en 1991, un plan d?ajustement structurel imposé par le Fonds monétaire international a rétabli les équilibres macroéconomiques, mais les conséquences se sont révélées désastreuses sur la population. De l?avis de tous les experts, cette action nous a fait plus de mal que de bien, car des milliers de travailleurs ont été licenciés, le nombre de chômeurs a augmenté et la pauvreté a gagné du terrain face à la diminution du pouvoir d?achat. A cela s?ajoutent les 14 années de terrorisme et de misère.» L?oratrice souligne que tous ces événements ont marqué le pays et sa population, ils ont quasiment effacé la classe moyenne. «Nous faisons face aujourd?hui à une nouvelle situation, une nouvelle Algérie, qui n?est plus ce qu?elle était autrefois, tant de choses ont changé et risquent encore de changer sur tous les plans : économique, social, culturel, politique? La classe moyenne algérienne s?est rétrécie comme une peau de chagrin, alors qu?elle prospère dans les pays voisins. De nos jours, existent des gens riches, qui s?enrichissent chaque jour un peu plus, et des familles pauvres qui vivent mal», explique-t-elle en précisant encore que les critères de réussite sont aléatoires et l?ancien modèle est dépassé. «Ceux qu?on appelait autrefois les intellectuels, tels les médecins, les avocats?, ne sont plus un modèle de réussite. La jeunesse n?a plus de repères actuellement, leurs modèles sont les joueurs de foot, les chanteurs, les stars de la télévision, les riches commerçants? Les valeurs sont renversées et ce qui était valable hier ne l?est plus aujourd?hui. Ce qui aide aujourd?hui la famille algérienne à vivre, c?est le fait d?être nombreuse. Sur une famille de sept personnes, quatre par exemple travaillent, ils peuvent ainsi couvrir leurs besoins et ceux des autres membres. Un jeune ne peut pas se prendre en charge, il vit encore avec ses parents, il ne peut pas couvrir ses besoins, son loyer, même une fois marié. Les citoyens n?y arrivent pas et sont dépassés par les exigences de la vie.»