Heureusement qu'il y a encore quelques îlots qui résistent vaillamment à la morosité ambiante. Une virée à Riadh El Feth? Pourquoi pas? Nous allons à la rencontre d'une dame de la culture. Un point important qui mérite l'attention de tous: la place de la femme de l'ombre dans la gestion et l'économie du pays. Souvent le rôle que jouent ces femmes est négligé. Malheureusement, elles n'ont pas le pouvoir d'influencer le cours des choses pour obtenir une part équitable des fruits de leur travail et de la gratitude. Fatma Zohra Boulsan, un exemple vivant. Elle est gérante de la salle Cosmos, sise à Riadh El Feth. Ce grand édifice, qui a perdu beaucoup de sa vocation première, à savoir «un sanctuaire des arts». Cet organisme demeure une structure collective et institutionnalisée. D'abord, qui est cette femme, de son vrai nom Boulsan Fatma Zohra? Cette passionnée de la culture dont le parcours est à envier. Elle avait fait ses classes dans Wiam el Djazaïr, l'Union des écrivains algériens et la Radio nationale (Enrs) en tant que chargée de la culture au Centre culturel Aïssa-Messaoudi. Actuellement, elle s'occupe de la communication au Festival international de la musique gnaouie. La nouveauté en Algérie, c'est que Cosmos est un espace jeunesse, il a pour vocation d'accueillir des enfants pour leur offrir une multitude de prestations qui ont l'ambition de faire de ces jeunes, des citoyens à part entière, acteurs de leur vie. Cosmos comporte deux salles: la salle Alpha avec 495 places, et la salle Bêta, plus petite avec 360 places. Si les projections vidéo existent, il faut dire que les projections bobines sont plus fréquentes, sur de vieilles machines bien entretenues. Les copies sont obtenues auprès des distributeurs. D'après l'animatrice, «le patron de Cosmos est en négociation avec Disney pour que les produits de ce grand studio international viennent directement dans nos salles, d'autant plus qu'on est très sélectif dans nos choix. On fait très attention au contenu des films projetés. C'est important.», ajoute-t-elle. Ce challenge ne peut se réaliser sans la participation d'un noeud de partenaires. Boulsan Fatma Zohra avoue que «travailler avec les enfants est un plaisir». Ce club pour enfant reçoit les élèves des écoles publiques, privées et des enfants des centres sociaux. Il y en a de tous âges (2 à 14 ans). «Cela dit, la mission n'est pas facile pour les tenir assis à leurs places», explique Mme Boulsan. «Néanmoins, quand je les vois comblés à la sortie, je me réjouis», enchaîne-t-elle. «Nous avons un programme spécial pour ces jeunes. Il y a de la danse, de la musique et des spectacles de clowns avec Mimou», explique la gérante. «Les séances sont impressionnantes. Les enfants s'éclatent. Ça donne les frissons! On sent qu'ils ont envie de vivre.!», a-t-elle ajouté. Pourquoi avoir choisi cette tranche d'âge? «C'est le patron lui-même qui a décidé de dédier cet espace aux enfants. C'est une tranche d'âge qui est délaissée», déclare-t-elle. «Faire plaisir à un enfant, ça a plus d'importance», rajoute Mme Boulsan. Après les enfants, c'est au tour des adultes! En général, ce sont les parents de ces derniers qui reviennent, après avoir fait connaissance de la salle en compagnie de leurs petits. Ils découvrent le lieu et ils reviennent. «Le grand public, dit F.Z Boulsan, on l'attire par le petit public. En s'adressant aux enfants, on intéresse forcément les parents qui sont à la recherche de telles structures de loisirs. C'est ce qu'on peut appeler une fidélisation d'un public de qualité, et c'est un travail de longue haleine», affirme-t-elle. Ainsi, après les projections faites dans le cadre d'«Alger, capitale de la culture arabe 2007», des gens, séduits par Cosmos, reviennent et demandent qu'«on leur organise des spectacles. Le problème, c'est qu'on ne trouve pas toujours des films intéressants», avoue-t-elle. Par ailleurs, «beaucoup de gens ne savent pas encore que Cosmos, qui a été fermé pendant deux longues années, a rouvert ses portes. La rénovation de la salle a duré près de sept mois. Ce qui fait une fermeture de trois ans environ», expose-t-elle. Quant à la rentabilité, il faut savoir qu'«avec les distributeurs, le partage se fait selon le principe du 50-50. Ce qui est cher. Ce sont toutes les charges inhérentes à la gestion d'une telle structure (location, salaires, énergie électrique...)», révèle Mme Fatma Zohra Boulsan. Les séances ont lieu tous les jours à 10h30, 13h, 15h et enfin 18h. Sauf le samedi. Le vendredi reste le jour plein, puisque c'est ouvert au grand public, sans compter les sorties pédagogiques organisées avec le concours des écoles. Quel est le plus beau souvenir de Fatma Zohra Boulsan? «La gratitude de ces anges après une projection, criant: Merci Tata! Qu'y a-t-il de plus beau que de voir un sourire sur le visage des enfants?», conclut-elle.