Résumé de la 81e partie Suivant à la trace la Sainte Fatime, le magicien repéra son ermitage. Il se retira ensuite dans l?un des endroits où l?on peut passer la nuit et prendre une boisson chaude. Le magicien, après avoir contenté le maître du lieu en lui payant le peu de dépense qu'il avait faite, sortit vers le minuit et alla droit à l'ermitage de Fatime, la sainte femme, nom sous lequel elle était connue dans toute la ville. ll n'eut pas de peine à ouvrir la porte : elle n'était fermée qu'avec le loquet ; il la referma sans faire de bruit quand il fit entré, il aperçut Fatime à la cIarté de la lune, couchée à l'air, qui dormait sur un sofa garni d'une méchante natte, appuyée contre sa cellule. Il s'approcha d'elle et, après avoir tiré un poignard qu'il portait au côté, il l'éveiIla. En ouvrant les yeux, la pauvre Fatime fut fort étonnée de voir un homme prêt à la poignarder. En lui appuyant le poignard contre le c?ur, prêt à le lui enfoncer : «Si tu cries, dit-il, ou si tu fais le moindre bruit, je te tue ; mais lève-toi et fais ce que je te dirai.» Fatime, qui était couchée dans son habit, se leva en tremblant de frayeur. «Ne crains pas, lui dit le magicien, je ne demande que ton habit, donne-le-moi et prends le mien.» Ils firent l'échange d'habits ; et, quand le magicien se fut habillé de celui de Fatime, il lui dit : «Colore-moi le visage comme le tien, de manière que je te ressemble, et que la couleur ne s'efface pas.» Comme il vit qu'elle tremblait encore, pour la rassurer, et afin qu'elle fît ce qu'il souhaitait avec plus d'assurance, il lui dit : «Ne crains pas, te dis-je encore une fois, je te jure par le nom de Dieu que je te donne la vie. «Fatime le fit entrer dans sa cellule ; elle aIluma sa lampe ; et en prenant d'une certaine liqueur dans un vase avec un pinceau, elle lui en frotta le visage, et elle lui assura que la couleur ne changerait pas et qu'il avait le visage de la même couleur qu'elle, sans différence. Elle lui mit ensuite sa propre coiffure sur la tête, avec un voile, dont elle lui enseigna comment il faIlait qu'il s?en cachât le visage en aIlant par la ville. Enfn, après qu'elle lui eut mis autour du cou un gros chapelet qui lui pendait par-devant jusqu'au milieu du corps, elle lui mit à la main le même bâton qu'elle avait coutume de porter, et, en lui présentant un miroir : «Regardez, dit-elle, vous verrez que vous me ressemblez on ne peut pas mieux.» Le magicien se trouva comme il l'avait souhaité ; mais il ne tint pas , à la bonne Fatime, le serment qu'il lui avait fait si solennellement. Afin qu'on ne vît pas de sang en la perçant de son poignard, il l'étrangIa et, quand il vit qu'elle avait rendu l'âme, il traîna son cadavre par les pieds jusqu'à la citerne de l'ermitage et il la jeta dedans. Le magicien, déguisé ainsi en Fatime la sainte femme, passa le reste de la nuit dans l'ermitage, après s'être souillé d'un meurtre si détestable. Le lendemain matin, à une heure ou deux de jour, quoique dans un jour que la sainte femme n'avait pas coutume de sortir, il ne laissa pas de le faire, bien persuadé qu'on ne l'interrogerait pas là-dessus, et, au cas qu'on l'interrogeât, prêt à répondre. Comme une des premières choses qu'il avait faites en arrivant avait été d'aIler reconnaître le palais d'Aladdin, et que c'était là qu'il avait projeté de jouer son rôle, il prit son chemin de ce côté-là. (à suivre...)