Les statistiques officielles sont affirmatives, la population algérienne commence à vieillir, à suivre le modèle occidental et à perdre une autre richesse : sa jeunesse. Pour les spécialistes, des mesures urgentes s?imposent car ce vieillissement risque d?entraver le processus de développement du pays. «En 2050, nous serons 50 millions d?habitants. Nous ferons partie des pays relativement peuplés dans le monde. Les statistiques actuelles démontrent que notre population commence à vieillir, certes c?est une tendance lente, mais des mesures doivent être prises pour encourager la croissance économique et sociale. Il y a urgence à travailler dans l?option population et développement, car si cela ne constitue pas un problème pour le moment, à l?horizon 2040, ce vieillissement deviendra une contrainte pour le développement du pays», a indiqué Mme Nassira Keddad, directrice de la population au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, lors de la journée d?étude sur la population organisée, hier, à l?Institut national de la santé publique. Elle précisera encore que durant les dernières années, les conditions de vie, particulièrement celles des femmes, se sont améliorées puisque les taux de scolarisation, d?accès aux soins, au travail ont évolué, comparé aux taux enregistrés après l?indépendance. A titre d?exemple, le taux de mortalité a baissé, celui de la procréation a relativement progressé, ce qui induit une «véritable volonté politique» d?arriver à des résultats meilleurs. Prenant la parole à son tour, la secrétaire générale du ministère de la Santé a affirmé que cette Journée mondiale de la population s?inscrit, cette année, sous le thème de «L?égalité et de l?équité en Algérie» : les femmes et les hommes doivent avoir les mêmes chances d?accéder à la vie sociale, politique et économique. «Toute politique nationale de santé et de population réussie doit conjuguer l?énergie des autres départements, ce n?est pas le problème d?un seul ministère, toute la société est interpellée», a-t-elle soutenu, en ajoutant que de nombreuses études menées dans les pays en voie de développement ont démontré que le taux de morbidité maternelle est élevé, que les infections sexuelles touchent surtout les femmes, que le taux de scolarisation des filles est nettement inférieur à celui des garçons? «Aujourd?hui, il devient impératif de mener des actions en faveur de la promotion des femmes. Il faut d?abord commencer par améliorer l?accès des femmes à l?éducation, à l?emploi, à appliquer la loi et à mettre en place un dispositif législatif et réglementaire qui encourage l?équité entre les deux sexes». Les inégalités de la politique nationale de la population ont été également évoquées, notamment les disparités sociale, sanitaire, économique et culturelle, ce qui entrave un accès équitable à la vie sociale. En effet, de nombreuses régions de l?intérieur du pays, au sud restent démunies (moyens de soins insuffisants, pas d?école ? ). «La situation dans certaines régions nous renvoie à l?époque coloniale», a déploré Mme Nassira Keddad.