Relation Entre l?enseigne Tati et les Algériens, c?est toute une histoire d?amour qui est née dès les premières années du lancement de la marque et qui risque de prendre fin dans quelque quatre mois avec la mort annoncée du groupe fondé par Jules Tati. Quel Algérien ne s?est pas rendu en France sans entrer dans un magasin Tati ? Ou sans revenir avec, dans les bagages, un produit Tati ? Et pas un seul. A ce propos, on raconte que beaucoup d?Algériens se rendent dans les magasins Tati pas seulement pour y faire des achats, mais aussi pour se faire «plaisir». C?est que ces endroits rappellent l?ambiance du bled. Ceux qui ont longtemps vécu à Paris rapportent que quand un Algérien perd la trace d?un compatriote, il ne peut le retrouver que dans? un magasin Tati ! Pour les émigrés, notamment ceux habitant Paris, Tati représente presqu?une identité. Quand il s?agit de faire des achats, ils ne peuvent aller ailleurs que dans les magasins de la marque française. Les premiers à faire la fortune de Tati étaient les émigrés du XVIIIe arrondissement de Paris, des Algériens pour la plupart et ce, de l?aveu même des dirigeants du groupe. L?attachement de l?Algérien à Tati trouve peut-être son explication dans le fait que l?enseigne ait été l?une des premières, sinon la première, à penser s?installer à Barbès, le plus Algérien des quartiers français. Ce quartier, où fut installé le premier magasin Tati en 1948, constitue le cordon ombilical entre l?enseigne et les Algériens. Des Algériens qui, même à l?époque où ils disposaient de seulement 320 francs pour leurs déplacements en France, ne pouvaient dépenser cette somme ailleurs que chez Tati d?où ils revenaient avec des sacs pleins de vêtements, de bonbons?Cela étant, depuis que la France a décidé d?alourdir le dispositif d?entrée sur son territoire, les magasins Tati ont enregistré une nette baisse de fréquentation. Par conséquent, son chiffre d?affaires a chuté. Une chute à laquelle les Algériens ne sont pas étrangers, affirment les économistes. Si aujourd?hui Tati se trouve dans une inconfortable situation financière, c?est en grande partie parce qu?il y a de moins en moins d?Algériens qui se rendent en France, explique-t-on.