Résumé de la 87e partie L?imposteur, le frère du magicien africain, fut démasqué et tué. Peu de temps après, le sultan décède et sa fille lui succède. Le couple Aladdin doit prendre en main la destinée du peuple. «Sire, dit la suItane Scheherazade en achevant l'histoire des aventures arrivées à l'occasion de la lampe merveilleuse, Votre Majesté, sans doute, aura remarqué dans la personne du magicien africain un homme abandonné à la passion démesurée de posséder des trésors par des voies condamnables, qui lui en découvrirent d'immenses dont il ne jouit point parce qu'il s'en rendit indigne. Dans Aladdin, elle voit, au contraire, un homme qui, d?une basse naissance, s'élève jusqu'à la royauté en se servant des mêmes trésors qui lui viennent sans les chercher, seulement à mesure qu'il en a besoin pour parvenir à la fin qu'il s'est proposée. Dans le suItan, elle aura appris combien un monarque bon, juste et équitable court de dangers et risque même d'être détrôné lorsque, par une injustice criante et contre toutes les règles de l'équité, il ose, par une promptitude déraisonnable, condamner à mort un innocent sans vouloir l'entendre dans sa justification. Enfin elle aura eu horreur des abominations de deux scélérats magiciens, dont l'un sacrifie sa vie pour posséder des trésors, et l'autre sa vie et sa religion à la vengeance d'un scélérat comme lui, et qui, comme lui aussi, reçoit le châtiment de sa méchanceté.» Le sultan des Indes témoigna à la suItane Scheherazade, son épouse, qu'il était très satisfait des prodiges qu'il venait d'entendre de la lampe merveilleuse, et que les contes qu'elle lui faisait chaque nuit lui faisaient beaucoup de plaisir. En effet, ils étaient divertissants et presque toujours assaisonnés d'une bonne morale. ll voyait bien que la suItane les faisait adroitement succéder les uns aux autres, et il n'était pas fâché qu'elle lui donnât occasion, par ce moyen, de tenir en suspens, à son égard, l'exécution du serment qu'il avait fait si solennellement de ne garder une femme qu'une nuit et de la faire mourir le lendemain. Il n'avait même presque plus d'autre pensée que de voir s'il ne viendrait point à bout de lui en faire tarir le fond. Dans cette intention, après avoir entendu la fin de l'histoire d'Aladdin et de Badroulboudour, toute différente de ce qui lui avait été raconté jusqu'alors, dès qu'il fut éveillé, il prévint Dinarzade, et il l'éveilla lui-même, en demandant à la suItane, qui venait de s'éveiller aussi, si elle était à la fin de ses contes. «A la fin de mes contes, Sire ! répondit la suItane en se récriant sur la demande ; j'en suis bien éloignée : le nombre en est si grand qu'il ne me serait pas possible à moi-même d'en dire le compte précisément à Votre Majesté. Ce que je crains, Sire, c'est qu'à la fin Votre Majesté ne s'ennuie et ne se lasse de m?entendre que je manque de quoi l?entretenir sur cette matière. ? Otez-vous cette crainte de l?esprit, reprit le sultan, et voyons ce que vous avez de nouveau à me raconter». La sultane Scheherazade, encouragée par ces paroles du sultan des Indes, commence de lui raconter une nouvelle histoire en ces termes : «Sire, dit-elle, j?ai entretenu plusieurs fois Votre Majesté de quelques aventures arrivées au fameux calife Haroun-al-Raschid ; il lui en est arrivé un grand nombre d?autres, dont celle que voici n?est pas moins digne de votre curiosité».