Résumé de la 57e partie Aladdin, le grand vizir et tous les seigneurs de la cour se régalèrent. Le sultan, qui trouva les mets excellents, avoua n?avoir jamais rien mangé d?aussi bon. Dans le temps que le sultan venait de sortir de table, on l'avertit que les joailliers et les orfèvres qui avaient été appelés par son ordre étaient arrivés. Il remonta au salon à vingt-quatre croisées ; et, quand il y fut, il montra aux joailliers et aux orfèvres qui l'avaient suivi la croisée qui était imparfaite. «Je vous ai fait venir, leur dit-il, afin que vous m?accommodiez cette croisée, et que vous la mettiez dans la même perfection que les autres ; examinez-les, et ne perdez pas de temps à me rendre celle-ci toute semblable.» Les joailliers et les orfèvres examinèrent les vingt-trois autres jalousies avec une grande attention ; et, après qu'ils eurent consulté ensemble, et qu'ils furent convenus de ce qu'ils pouvaient contribuer chacun de son côté, ils revinrent se présenter devant le sultan et le joaillier ordinaire du palais, qui prit la parole, lui dit : «Sire, nous sommes prêts d'employer nos soins et notre industrie pour obéir à Votre Majesté ; mais, entre tous tant que nous sommes de notre profession, nous n'avons pas de pierreries aussi précieuses ni en assez grand nombre pour fournir à un si grand travail. ? J'en ai, dit le sultan, et au-delà de ce qu'il en faudra ; venez à mon palais, je vous mettrai à même, et vous choisirez.» Quand le sultan fut de retour à son palais, il fit apporter toutes ses pierreries, et les joailliers en prirent une très grande quantité, particulièrement de celles qui venaient du présent d'Aladdin. lIs les employèrent sans qu'il parût qu'ils eussent beaucoup avancé. lIs revinrent en prendre d'autres à plusieurs reprises, et en un mois, ils n'avaient pas achevé la moitié de l'ouvrage. Ils employèrent toutes celles du sultan, avec ce que le grand vizir lui prêta des siennes ; et tout ce qu'ils purent faire avec tout cela fut au plus d?achever la moitié de la croisée. Aladdin, qui connut que le sultan s'efforçait inutilement de rendre la jalousie semblable aux autres, et que jamais il n?en viendrait à son honneur, fit venir les orfèvres, et leur dit non seulement de cesser leur travail, mais même de défaire tout ce qu'ils avaient fait et de reporter au sultan toutes ses pierreries avec celles qu'il avait empruntées au grand vizir. L'ouvrage que les joailliers et les orfèvres avaient mis plus de six semaines à faire fut détruit en peu d'heures. Ils se retirèrent et laissèrent Aladdin seul dans le salon. Il tira la lampe qu'il avait sur lui et il la frotta. Aussitôt, le génie se présenta. «Génie, lui dit Aladdin, je t'avais ordonné de laisser une des vingt-quatre jalousies de ce salon imparfaite, et tu avais exécuté mon ordre ; présentement je t'ai fait venir pour te dire que je souhaite que tu la rendes pareille aux autres.» Le génie disparut, et Aladdin descendit du salon. Peu de moments après, comme il y fut remonté, il trouva la jalousie dans l'état qu'il l'avait souhaitée et pareille aux autres. Les joailliers et les orfèvres cependant arrivèrent au palais, et furent introduits et présentés au sultan dans son appartement. Le premier joaillier, en lui présentant les pierreries qu'il lui rapportait, dit au sultan au nom de tous : «Sire, Votre Majesté sait combien il y a de temps que nous travaillons de toute notre industrie à finir l'ouvrage dont elle nous a chargés. Il était déjà fort avancé, lorsque Aladdin nous a obligés non seulement de cesser, mais même de défaire tout ce que nous avions fait et de lui rapporter ses pierreries et celles du grand-vizir.» (à suivre...)